Les trois otages enlevés au Burkina Faso ce lundi ont été confirmés morts selon plusieurs sources. Les affrontements entre les groupes terroristes et l’armée française ne font qu’empirer une situation déjà catastrophique dans le pays ouest-africain.
Deux journalistes espagnols qui tournaient un documentaire sur le braconnage au Burkina Faso, ainsi qu’un irlandais, ont été tués après avoir été kidnappés lundi. Leur convoi avait été pris en embuscade par des groupes armés. Des images des morts ont flotté sur les réseaux sociaux mardi. Après la vérification des photos par les services de sécurité burkinabé et le gouvernement espagnol, les décès sont confirmés.
De sources officielles du Burkina Faso, nous apprenons que trois journalistes (dont deux Espagnols) qui enquêtaient sur le braconnage ont été tués lors d'une attaque dans l'est du pays. Cette tragédie confirme les grands dangers auxquels les reporters sont confrontés au Sahel.
— Christophe Deloire (@cdeloire) April 27, 2021
Un évènement tragique
Les meurtres surviennent à un moment de violence croissante au Burkina Faso et de détérioration de la situation sécuritaire au Sahel. La menace terroriste sévit en particulier dans la zone frontalière du Burkina Faso, du Mali et du Niger. Le Burkina Faso a été témoin d’attaques de la part de nombreux groupes armés, dont plusieurs liés à l’Etat islamique dans le Grand Sahara (EIGS) et à Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). Durant les dernières années, des populations entières ont été massacrées. Des dizaines d’embuscades ont été tendues aux patrouilles militaires. Et des centaines d’établissement étatiques ont été fermés, dont les écoles.
Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a confirmé mardi la mort des deux journalistes espagnols, qu’il a identifiés sur Twitter comme étant David Beriaín et Roberto Fraile. La troisième victime, un ressortissant irlandais, est restée non identifiée mardi soir. Le groupe initialement composé de 40 personnes avait été attaqué dans une réserve naturelle à l’Est burkinabé, près de la frontière béninoise. Les autorités du Burkina Faso ont déclaré dans un communiqué mardi soir que le pays serait confronté à une recrudescence des actes terroristes. Le porte-parole du ministère de l’Intérieur a dévoilé que 18 personnes avaient été tuées depuis la semaine dernière.
Six personnes ont été blessées dans l’embuscade du convoi lundi, et un soldat burkinabé était toujours porté disparu mardi soir. Le sort des autres membres du convoi et l’identité de ceux qui ont commis les meurtres ne sont pas clairs. La partie orientale du Burkina Faso, en particulier la province de Gourma est depuis deux ans une zone périlleuse en raison des groupes terroristes qui y opèrent.
Quid des civils au Burkina Faso ?
Mardi, l’ONU a déclaré que 29 millions de Sahéliens avaient besoin d’aide humanitaire dans six pays de la région, notamment le Burkina Faso. Dans le pays, la violence a alimenté une crise de réfugiés à croissance rapide. Plus d’un million de personnes ont fui leur foyer depuis 2019, selon l’ONU. Trois millions de personnes ont besoin d’une intervention urgente, dans un pays de 20 millions d’habitants.
En plus de la violence terroriste, l’armée française a tué un nombre croissant de civils dans des proportions similaires à celles de l’EIGS et AQMI. Notamment, les corps de 180 civils qui auraient été tués par l’armée burkinabé et Barkhane ont été retrouvés en juillet.
Plusieurs étrangers ont également été pris en otage ces dernières années. En 2016, un couple australien a été enlevé le jour où des terroristes avaient tué 42 civils à Ouagadougou. En 2018, une femme canadienne et un homme italien ont été enlevés au Burkina Faso. Ils ont été libérés 15 mois plus tard au Mali voisin. Toutefois, durant les deux dernières années, les rares étrangers libérés par les groupes terroristes étaient d’origine française.