Au Cameroun, plusieurs joueurs de football ont menti sur leur âge. Une fraude qui est monnaie courante sur le continent, où les joueurs espèrent des carrières plus longues.
Le 29 décembre dernier, la Fédération camerounaise de football (Fecafoot) annonçait que « 21 joueurs sur les 30 actuellement en stage avec l’équipe U17 ont été recalés à l’issue des tests de l’IRM ». À l’origine de ces exclusions, des fraudes à l’âge : l’IRM du poignet des joueurs avait permis d’analyser la maturation des os et ainsi des déterminer que les âges avancés par les joueurs — censés avoir moins de 17 ans — n’étaient pas les bons.
Ce phénomène de fraude à l’âge n’est pas nouveau en Afrique. En 2020, Guirane N’Daw, alors tout jeune retraité — il avait officiellement 35 ans — avouait avoir menti sur son âge. L’ex-joueur de Sochaux, Nantes, Saint-Étienne, Metz et Lens, mais également passé par l’Angleterre et l’Espagne, affirmait alors : « En Afrique, je ne dis même pas au Sénégal, le joueur qui ne diminue pas son âge ne pourra pas être professionnel. C’est la réalité qu’on le veuille ou non. Ce qui est sûr, c’est qu’au Sénégal, 99 % des joueurs ont diminué leur âge ».
Une pratique qui, si elle n’est pas facile à évaluer, existe bel et bien. On se souvient que, en septembre 2018, la Confédération africaine de football (CAF) avait exclu le Bénin des éliminatoires de la CAN U17 pour avoir menti sur les âges de ses joueurs. Un fléau qui a également touché d’autres pays, du Cameroun à la République démocratique du Congo (RDC), en passant par le Burkina Faso ou le Mali.
L’âge n’améliore pas le talent
Les clubs tentent, depuis plusieurs années, d’endiguer le phénomène en menant des enquêtes pour vérifier les âges de ses joueurs. Mais pas facile, sans moyens médicaux. La CAF, elle, a plus de moyens, avec des tests IRM fréquents : depuis 2005, l’instance mène ces tests lors des compétitions de jeunes. Des pays, comme le Gabon, ont également décidé de faire des vérifications à partir d’IRM.
Si les joueurs pensent que mentir sur leur âge leur assurera une plus longue carrière, peut-être faut-il également se dire qu’il faut se lancer dans de la prévention. Selon Joseph-Antoine Bell, ancien gardien international du Cameroun, « à partir du moment où l’on comprendra que l’augmentation de l’âge n’améliore pas le talent, on aura fait un pas en avant. Il faut sanctionner ceux qui organisent la fraude, même si certains s’en accommodent ».
La fraude à l’âge « ne profite que sur un temps restreint », assure l’ex-gardien qui a évolué en France. Silas Nwankwo, Joseph Minala, Victor Emenayo ou encore Francis Uzoho… Nombreux sont pourtant les Africains à utiliser cette supercherie.Pourtant, d’autres joueurs ont été accusés d’avoir menti sur leur âge sans que l’on sache la réalité : la faute, également, à des pratiques courantes. Dans certains pays, des parents attendent parfois plusieurs années avant de déclarer la naissance de leur enfant.
Pour les autres, on est plutôt face à des accusations de triche : « La triche est en moyenne de trois ans entre l’âge réel et l’âge annoncé, même si on nous présente des papiers officiels », assure Eugène Diomandé, le président du Séwé Sport de San Pedro, en Côte d’Ivoire.