Le président du Nigéria, attendu au Sénégal pour parler au nom de la Cedeao avec Macky Sall, a finalement reporté son voyage à Dakar.
La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), si prompte à réagir aux coups d’Etat dans la sous-région, semble ne plus savoir quoi faire quant au cas sénégalais. Macky Sall, le président du Sénégal, a récemment annoncé le report de l’élection présidentielle à une date ultérieure. Et alors que le pays compte ses morts, après des manifestations tendues, la réaction de la Cedeao est scrutée, notamment par l’opposition et la société civile régionale.
Le Forum de la société civile de l’Afrique de l’Ouest (Foscao) est l’un des premiers à avoir fustigé la Cédéao, mais également l’Union africaine. Le Foscao estime qu’« il faut appeler un chat un chat : c’est un coup d’État constitutionnel. Il faut le traiter comme tel et éviter des traitements à géométrie variable. C’est pour ça qu’on appelle la Cedeao et l’Union africaine à agir très rapidement et utiliser la même énergie qu’elles utilisent pour condamner les coups d’État militaires, elles doivent utiliser la même énergie pour condamner ce coup d’État constitutionnel ».
La semaine dernière, l’instance régionale a bien appelé le président sénégalais à « rétablir urgemment le calendrier électoral ». Mais au-delà de cette demande très vague, la Cedeao n’arrive pas à trouver comment appréhender la situation. En février 2022, Macky Sall disait lui-même de la Cedeao qu’elle existe « pour apporter des solutions à ces crises et à ces interruptions du pouvoir politique légitimement acquis », pour « bannir les coups d’Etat » et « fixer des règles lorsqu’on enfreint un processus démocratique acquis ».
Sauf que Macky Sall a toujours été proche de cette institution, qu’il a présidée en 2015-2016. Et parmi les présidents ouest-africains, le Sénégalais fait office de référence. Ces derniers jours, le président du Nigeria, Bola Tinubu, était attendu à Dakar pour une visite.
Selon la presse sénégalaise, le Nigérian devait « insister auprès du président Sall pour qu’il respecte la Constitution de son pays et évite de plonger le Sénégal dans une crise prolongée ». Finalement, ce lundi, la visite a tout bonnement été reportée. Aucune date n’a pour le moment été annoncée.
Il s’agit certainement, pour la Cedeao, de jouer la montre. Habituellement rapide pour exclure certains pays, la Cedeao n’a pas pris de sanctions contre le Sénégal. Un consultant politique estime que la situation au Sénégal est une « nouvelle crise dont la Cedeao n’a pas besoin », indiquant par ailleurs que l’instance est une nouvelle fois impuissante.