Ce dimanche, l’Union africaine a décidé de reporter sa décision concernant le statut d’observateur accordé à Israël. Macky Sall a prôné l’apaisement en proposant la création d’un comité.
Il n’y aura finalement eu ni débat, ni vote de la part des présidents africains. Lors du 35e sommet de l’Union africaine (UA), une décision devait être prise concernant l’obtention par Israël, accordée par la Commission de Moussa Faki Mahamat, d’un statut d’observateur après que plusieurs pays avaient contesté la décision, jugée unilatérale.
Alors que les ministres des Affaires étrangères des pays membres de l’UA n’ont pas réussi à prendre de décision consensuelle, ce sont les chefs d’Etat qui devaient adouber Israël ou non. En cas de désaccord, un scrutin à bulletins secrets pouvait même être organisé.
Finalement, rien de tout cela n’a eu lieu. Les présidents des Etats membres ont préféré botter en touche, pour créer un « comité » qui étudiera la question. Une première victoire pour le « front du refus », puisque, quoi qu’il arrive, ce comité ne rendra son rapport que lors du prochain sommet prévu… en juillet. Il faudra ensuite à nouveau statuer. Autant dire que si Israël obtient son statut d’observateur, cela ne devrait pas se faire avant 2023.
D’ici là, des consultations seront programmées. Mais quelle décision sera prise ? La composition du comité en question montre qu’il sera difficile de trouver un consensus : sept pays en feront partie, parmi lesquels l’Algérie et l’Afrique du Sud, farouchement opposée au statut d’observateur accordé à Israël. Le Nigéria est également peu enclin à laisser l’Etat hébreu s’ingérer dans les affaires africaines. De l’autre côté, la République démocratique du Congo (RDC), le Rwanda et le Cameroun sont tous les trois des alliés inconditionnels d’Israël.
Macky Sall joue la carte de l’apaisement
A trois contre trois, les discussions risquent d’être houleuses. Et se plaçant en juge de paix, on retrouve le Sénégal de Macky Sall, qui vient de prendre la présidence de l’Union africaine. C’est d’ailleurs ce dernier qui aurait proposé de jouer la carte de l’apaisement, incitant à la création du comité chargé de travailler sur cette question.
Le président sénégalais commence ainsi son mandat de façon positive. Alors que l’Afrique doit faire face à plusieurs défis, du terrorisme à la gestion des coups d’Etat, en passant par la résolution du conflit qui oppose l’Algérie au Maroc, Macky Sall sait que la question épineuse du statut d’observateur octroyé à Israël risque aujourd’hui de perturber l’unité africaine.
Reste désormais à savoir quelle sera la réaction d’Israël : depuis juillet dernier, l’Etat hébreu est observateur au sein de l’UA. Mais tant que le comité n’aura pas statué sur la question, les autorités israéliennes devront patienter.
Lors de son discours d’intronisation, le président sénégalais, désormais à la tête de l’UA, a indiqué que « l’Afrique est plus que jamais décidée à prendre son destin en mains ». Cette décision est la preuve que Macky Sall veut désormais une Union africaine qui marche main dans la main, sans avoir à subir les pressions extérieures.