Interdit de voyager depuis cinq ans, l’opposant gabonais Jean Ping a reçu un passeport qui lui permet donc de quitter le pays.
Depuis le 27 août 2016, il s’est autoproclamé « président élu » du Gabon. Il faut dire que, quelques jours avant la présidentielle, Jean Ping avait réussi l’exploit de faire plier deux ténors de l’opposition, Guy Nzouba Ndama et Casimir Oyé, qui s’étaient retiré de la campagne pour soutenir sa candidature. Cette alliance faisait dire aux observateurs que l’alternance était possible. « L’unité de ces trois candidats marque la fin du régime du Parti démocratique gabonais » (PDG), assurait Jean Yves Obiang, militant de l’Union nationale.
Mais le 27 août 2016, l’ancien beau-frère d’Ali Bongo Ondimba a finalement été battu. Officiellement, mais pas dans les urnes, assurait Jean Ping, qui avait alors demandé un recomptage des voix en présence d’organisations internationales. Avec un score aussi serré — 49,8 % pour Ali Bongo Ondimba, 48,23 % pour Jean Ping —, l’opposant était certain d’être sorti vainqueur.
Résistance à Ali Bongo
S’en étaient suivies des violences dans une partie de Libreville. Jean Ping avait demandé à Ali Bongo « qu’il cesse de tuer le peuple gabonais » et « qu’il accepte le verdict des urnes ». De son côté, le pouvoir avait, en se basant sur des écoutes téléphoniques entre Jean Ping et Mamadi Diané, un conseiller du président ivoirien Alassane Ouattara, accusé l’opposant d’avoir mis en place un plan pour contester les résultats, même en cas de défaite.
Depuis 2016, Jean Ping crie haut et fort qu’il est le président élu du Gabon. S’il n’a pas été réellement audible ces dernières années, Ping est cependant resté connecté à la communauté internationale, grâce à un CV qui parle pour lui : ex-ministre, ex-président de la Commission de l’Union africaine (UA), ex-président de l’Assemblée générale des Nations unies (ONU), entre autres… Jean Ping a conservé une partie de son réseau et, en février 2019, a été invité à New York pour une réunions d’anciens présidents de l’Assemblée générale de l’ONU.
Un nouveau passeport pour Ping
Problème : l’opposant a fait savoir qu’il n’avait pas le droit de se déplacer. En février 2018, son passeport lui aurait en effet été confisqué par le ministère de l’Intérieur. Et alors que celui-ci expirait en septembre de la même année, Jean Ping n’a pas pu renouveler son document de voyage. Privé de voyage, Jean Ping a donc été contraint de rester au Gabon depuis 5 ans déjà.
Une interdiction de voyage qui trouve son origine dans des déclarations de Ping : début 2017, le ministre de l’intérieur du Gabon, Lambert Matha, avait annoncé que l’opposant serait interdit de quitter le Gabon après avoir appelé au « soulèvement pacifique » contre Ali Bongo. Une mesure également prise contre certains intellectuels gabonais.
Les demandes de restitution de la part de ses avocats ont d’ailleurs toujours été vaines. Pourtant, l’interdiction de voyage prononcée par le ministère de l’Intérieur semblait provisoire et le gouvernement gabonais avait prévenu que cette mesure serait levée une fois la situation « redevenue normale » au Gabon.
Mais alors qu’approche l’élection présidentielle au Gabon,le pouvoir en place a fait un pas en direction de Jean Ping. L’opposant est en effet désormais autorisé à quitter le pays, puisqu’il vient de recevoir de la part de la Direction générale de la documentation et de l’immigration (DGDI) un passeport gabonais.