Les inondations dans l’est de la RDC ont fait d’énormes dégâts. Selon l’ONU, des dizaines de milliers de personnes ont été touchées. Pendant ce temps, l’Egypte développe sa diplomatie de l’eau.
En marge de la visite du ministre égyptien des Eaux, Mohamed Abdelaty, en République démocratique du Congo (RDC), un don symbolique de l’Egypte à la RDC a été annoncé. Afin de sceller la coopération entre les deux pays dans les domaines de l’irrigation, le gouvernement égyptien a promis 10 millions de dollars à la RDC. Le même jour, jeudi 15 juillet, l’ONU publiait un rapport faisant état de dégâts provoqués par les inondations depuis avril. Au total, au Congo, 16 personnes sont mortes, 26 000 habitations et 260 écoles ont été détruites, entre autres le long de la frontière tanzanienne, sur les rives du Lac Tanganyika.
Une occasion pour l’Egypte, sans doute, de concrétiser la coopération avec la RDC, après la visite de son chef d’état-major fin juin. En effet, le général égyptien Mohamed Farid, à la tête d’une large délégation, s’était rendu pendant quatre jours à Kinshasa. Une autre visite, quatre mois plus tôt, du président de la RDC Félix Tshisekedi en Egypte avait permis la signature de contrats de coopération dans l’infrastructure et le traitement de l’eau.
Plus de 10 millions USD, don de l’Egypte à la RDC https://t.co/9fDquKvzij pic.twitter.com/Tu3wQfqn0s
— Radio Okapi (@radiookapi) July 16, 2021
Une « diplomatie de l’eau » opportuniste
Pourtant, le bureau de coordination de l’action humanitaire de l’ONU déplore une insuffisance des aides aux sinistrés des inondations qui ont eu lieu ces derniers mois. La présidence de la RDC avait justement déclaré, en février, que les projets d’infrastructure pour éviter de futurs dégâts des eaux seraient « lancés dans les prochains jours ». Un financement de l’Afreximbank d’un milliard de dollars avait été mis à disposition du pays.
L’aide technique de l’Egypte reste cependant une opportunité pour Kinshasa. Le Caire a une grande expérience dans la gestion des inondations et gère de nombreux barrages le long du Nil. Pour la RDC, en revanche, l’Egypte est le troisième pays à envoyer des aides après l’Ouganda et le Rwanda. Selon RFI, plus de 280 000 personnes ont été affectées dans le sud-est de la RDC. La région est habitée par un grand nombre d’Ougandais et de Rwandais.
Toutefois, l’intérêt égyptien pour la zone, lui, reste moins évident. La coopération entre l’Egypte et le Congo a patiné ces dernières années. La position égyptienne dans le dossier du GERD, opposant le pays à l’Ethiopie, a même probablement détérioré la collaboration avec la RDC. Au-delà de la simple coopération, l’entente entre les deux pays n’est pas vraiment bonne : le président Tshisekedi est à la tête de l’Union africaine (UA). Or, alors qu’il tentait une médiation africaine pour résoudre les tensions du GERD, l’Egypte, elle, a préféré se tourner vers l’ONU.
Mais l’eau est, semble-t-il, devenu un sujet primordial pour l’Egypte, qui y voit un intérêt géostratégique. Il ne fallait pas moins que des inondations pour réactiver la coopération égyptienne avec la RDC. La délégation égyptienne du ministre Abdelaty a d’ailleurs, selon certaines sources, présenté un projet de barrage hydroélectrique au gouvernement de Kinshasa.
Un gd pas franchi ds la mise en œuvre du Projet de Gestion Intégrée des Ressources en eau (GIRE) entre la RDC et l'Égypte avec l'inauguration ce jour du Centre Hydro Informatique du Congo(CHIC) en présence du Min. des Réssources Hydrauliques et irrigation le Dr Mohamed #Abdelaty. pic.twitter.com/REnQpGGVnf
— Eve Bazaiba (@Evebazaiba) July 15, 2021