En Tunisie, la situation des migrants subsahariens ne cesse de se détériorer. Ils sont maintenant la cible de réseaux de trafiquants d’êtres humains opérant dans le pays.
Le modus operandi est simple : les trafiquants proposent l’hébergement ou le transport vers les plages de départ pour l’Europe à des migrants, en échange d’une somme d’argent. Ceux qui acceptent sont piégés et pris en otage. Leurs familles sont ensuite contactées pour payer une rançon, et des vidéos montrant la torture de leurs proches sont envoyées en cas d’hésitation.
Mariam, une Guinéenne de 29 ans, a été victime de ce trafic. Interceptée en mer fin janvier, elle a été déportée à la frontière entre la Tunisie et la Libye avec son bébé d’un an et d’autres migrants. Abandonnés, ils ont été pris en charge par des passeurs camerounais puis un Tunisien, avant d’être enfermés dans un immeuble à Sfax. Ils ont été libérés après le paiement d’une rançon de 6 millions de francs guinéens.
Ce trafic d’êtres humains est en augmentation en Tunisie. L’ONG Avocats sans frontière a déjà recensé une quinzaine de cas de kidnapping, et estime que le nombre réel de victimes est probablement beaucoup plus élevé. Les migrants craignent souvent de porter plainte de peur d’être arrêtés en raison de leur situation irrégulière.
La vulnérabilité des migrants subsahariens en Tunisie, exacerbée par les déclarations du président Kais Saied considérant leur arrivée comme un plan criminel, les expose davantage aux trafics. Ils ont du mal à trouver du travail, un logement ou à se déplacer librement dans le pays, ce qui les rend encore plus susceptibles de tomber dans les pièges des trafiquants.”