Le président angolais sortant João Lourenço rempilera pour un nouveau mandat après la courte victoire du MPLA, le parti au pouvoir depuis 1975, lors de la présidentielle de mercredi.
Depuis 1975 et la fin de la guerre d’indépendance, le Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA) est au pouvoir en Angola. Pour la première fois, un de ses candidats à la présidentielle semblait être en ballotage. Avec un bilan contesté, le président João Lourenço n’était en effet pas assuré de remporter le scrutin qui avait lieu ce mercredi. Après cinq années passées au pouvoir, il voyait en effet Adalberto Costa Júnior, leader de l’Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola (Unita), la principale force d’opposition, se dresser face à lui.
Le MPLA n’a finalement pas failli. Mais les résultats de la présidentielle angolaise montrent à quel point le parti au pouvoir est fragilisé par la corruption, l’inflation et le taux de pauvreté, résultats de la présidence de José Eduardo dos Santos qui a quitté le pouvoir il y a cinq ans.
Car s’il a remporté la victoire, le parti présidentiel ne l’a emporté qu’avec 51,07 % des suffrages. Il s’agit du score le plus faible du MPLA depuis 2002 et la fin de la guerre civile. Impensable lorsqu’on se rappelle des victoires écrasantes remportées par le MPLA ces dernières années — 82 %, 72 % et 61 % respectivement lors des élections législatives de 2008 et des élections générales de 2012 et 2017.
Perte d’influence au Parlement
Petit à petit, l’opposition, portée par le charismatique Adalberto Costa Júnior, a grappillé du terrain et grignoté les voix du MPLA dans des régions historiquement acquises au parti présidentiel. En effet, à Luanda, la capitale ougandaise, mais également dans les régions de Zaïre et de Cabinda, au nord du pays, l’opposition a réussi à détrôner le parti présidentiel.
Conséquence : le président sortant, tout juste réélu, va devoir redoubler d’efforts pour gouverner. Car avec 90 députés Unita, l’opposition est devenue un véritable contre-pouvoir. Certes, João Lourenço dispose toujours de la majorité absolue au Parlement, mais il a perdu beaucoup de députés : ils étaient 150, ils ne sont plus que 124 pour 220 sièges.
Reste désormais à savoir si l’Unita acceptera les résultats. « Nous en tant que peuple, nous sommes certains que ces résultats ne sont pas fiables, affirme à RFI un militant du parti d’opposition. Le MPLA a perdu, il est temps pour Lourenço de quitter le palais. Le MPLA a toujours perdu. A chaque fois qu’il gagne, c’est grâce à autre chose. Nous ne voulons plus de fraude ».
Mais, promettent les partisans d’Adalberto Costa Júnior, c’est dans le calme que la contestation aura lieu.