Au lendemain des élections municipales, le Togo se réveille dans un climat de sérénité. Le scrutin, qui s’est tenu dans les différentes communes du pays, s’est déroulé dans le calme, marquant une étape significative dans le processus de décentralisation amorcé depuis plusieurs années.
Alors que les résultats officiels sont encore attendus, des scènes de liesse ont éclaté dans plusieurs localités, témoignant de l’enthousiasme populaire pour cette élection de proximité. Les photos qui circulent ces dernières heures montrent des populations qui fêtent la fin du scrutin, bien loin de l’alarmisme qui régnait dans la presse internationale. Du Monde à RFI, tous les médias ont relevé le calme qui régnait à Lomé et dans les autres municipalités du pays.
De Lomé à Dapaong, en passant par Sokodé, Tsévié ou encore Kpalimé, les opérations de vote se sont en effet déroulées dans le respect des règles électorales, jeudi dernier, sous la supervision de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI). Les bureaux de vote ont ouvert à 7h00 du matin et ont accueilli les électeurs dans une atmosphère sereine, souvent bon enfant, où les files d’attente se sont formées dès les premières heures.
Dans plusieurs centres urbains comme dans les zones rurales, les citoyens ont témoigné d’une volonté forte de participer à la désignation de leurs futurs conseillers municipaux. « Je suis venue tôt, c’est une responsabilité pour moi de choisir les gens qui vont gérer les affaires de ma commune », déclarait Adjoa, une commerçante de Kara, après avoir glissé son bulletin dans l’urne.
Les forces de sécurité, déployées en nombre raisonnable mais visible, ont assuré leur mission sans soucis, dans une approche qui se voulait « de proximité », qui semble avoir contribué à la confiance des électeurs. Aucune perturbation majeure n’a été signalée sur l’ensemble du territoire, à l’exception de retards logistiques isolés constatés dans quelques centres, rapidement résolus par les autorités locales.
Une campagne sobre mais engageante
Les élections municipales togolaises se sont tenues dans un contexte politique apaisé, après plusieurs mois marqués par des appels au consensus et à la participation citoyenne. Bien que la campagne électorale n’ait pas bénéficié de l’intensité d’un scrutin présidentiel, elle a néanmoins mobilisé les partis traditionnels comme l’Union pour la République (UNIR, au pouvoir), les formations d’opposition telles que l’ANC, le CAR ou encore les candidats indépendants, dont certains ont rencontré un fort écho au niveau local.
Les enjeux de cette élection municipale étaient clairs : renforcer la gouvernance locale, assurer une meilleure proximité entre les citoyens et les élus, et donner aux collectivités des marges de manœuvre accrues pour piloter des projets d’intérêt communautaire. Après les premières élections municipales pluralistes de 2019, ce scrutin constitue une nouvelle étape de consolidation de la décentralisation, tant attendue par les acteurs locaux.
« Le climat apaisé dans lequel s’est déroulée la campagne électorale a été déterminant pour le bon déroulement du scrutin », souligne un observateur de la société civile togolaise. Plusieurs missions d’observation, nationales et régionales, ont salué la bonne organisation de l’élection et l’atmosphère paisible qui a prévalu durant toute la journée.
La liesse populaire, signe d’une démocratie en maturation
Dès la fermeture des bureaux de vote et le début des dépouillements dans les centres, des manifestations spontanées de joie ont été observées dans plusieurs quartiers, en particulier là où les résultats officieux donnaient vainqueurs des candidats très appréciés localement. À Lomé, dans le quartier de Bè, des habitants ont brandi des drapeaux aux couleurs de leurs candidats victorieux, chantant et dansant au rythme des tam-tams jusqu’à une heure avancée de la nuit. D’autres habitants ont accueilli le président avec des pancartes : « La paix, c’est Faure ».
À Atakpamé, les habitants ont célébré la victoire d’une liste indépendante dirigée par un jeune entrepreneur, symbole d’un renouveau générationnel de la classe politique locale. Les scènes de liesse sont restées pacifiques et aucun débordement n’a été signalé par les autorités ou les forces de sécurité.
Cette ferveur populaire témoigne d’une appropriation croissante du processus démocratique par les citoyens, notamment à l’échelle locale. Pour de nombreux Togolais, ces élections sont l’occasion d’influer directement sur leur quotidien, à travers le choix de gestionnaires municipaux capables de répondre aux besoins urgents en matière d’infrastructures, de salubrité, de jeunesse ou d’accès aux services publics. En 2019, les Togolais avaient voté pour les municipales 32 ans après le dernier scrutin local.
Une étape importante vers la décentralisation
Avec cette nouvelle échéance électorale réussie, le Togo consolide son processus de décentralisation, amorcé depuis les réformes institutionnelles entreprises au tournant des années 2010. En élisant leurs représentants municipaux dans la transparence et le calme, les citoyens togolais renforcent la légitimité des institutions locales.
La CENI, le ministère de l’Administration territoriale et les autorités judiciaires ont tous salué l’esprit civique qui a prévalu. La proclamation officielle des résultats est attendue dans les prochains jours. D’ores et déjà, des voix s’élèvent au sein de la société civile pour que les mairies nouvellement élues traduisent rapidement les attentes populaires en actions concrètes.
À l’issue d’un scrutin sans violence, sans contestation majeure et avec un taux de participation jugé « encourageant » par les autorités, le Togo donne un signal fort en faveur d’une gouvernance locale responsable et apaisée. Alors que les élus s’apprêtent à prendre leurs fonctions, les citoyens, eux, semblent déterminés à les accompagner — et à les surveiller — dans l’exercice de leur mandat.