La fédération marocaine de football a convié les candidats à la présidence de la CAF. Avec l’aval de la FIFA, la FRMF tente de convaincre que le Sud-Africain Motsepe est le candidat le plus apte à défendre ses intérêts.
Le président de la Fédération royale marocaine de football (FRMF) jouera-t-il le rôle d’arbitre lors de l’élection pour élire le président de la Confédération africaine de football le 12 mars prochain à Rabat ? Fouzi Lekjaa, qui a, un temps, imaginé se porter candidat avant de se raviser, est aujourd’hui cantonné à un rôle de médiateur.
Et alors que le Maroc a obtenu la reconnaissance par les Etats-Unis de sa souveraineté sur le Sahara occidental contre une normalisation de ses relations avec Israël, Fouzi Lekjaa a pour mission de défendre les intérêts du royaume jusque dans les sphères footballistiques. Et les regards se tournent vers l’un des candidats à la présidence de la CAF : Patrice Motsepe.
Ce dernier s’est, selon des sources proches du dossier, rapproché du président de la Fédération algérienne de football, Khaîreddine Zetchi. Le Sud-Africain avait alors promis d’offrir un siège au Comité exécutif de la CAF contre la voix de l’Algérie. Ce qui, forcément, n’a pas plu pas au Maroc, l’Algérie étant favorable à l’inscription de la fédération de République arabe sahraouie démocratique comme association membre de la CAF — la RASD fait actuellement partie de la Confédération des associations de football indépendantes.
Motsepe est devenu le poulain de Gianni Infantino
Ce rapprochement entre le candidat sud-africain et le président de la FAF a attiré à Motsepe les foudres de la presse marocaine. Le Sud-Africain a dû remettre les pendules à l’heure et faire machine arrière vis-à-vis de l’Algérie. Selon le quotidien Assabah, le candidat à la présidence de la CAF a indiqué que les « rumeurs » concernant sa politique anti-Maroc étaient infondées.
Mais les promesses n’engageant que ceux qui y croient, le Maroc a donc pris les devants. Le ministre marocain des Affaires étrangères Nasser Bourita aurait reçu, mercredi dernier, le président de la FIFA Gianni Infantino pour être certain que, s’il était élu, Motsepe ne reviendrait pas sur le dossier du Sahara occidental.
Même s’il se dit favorable au maintien de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) tous les deux ans et qu’il s’est engagé à ne pas déménager le siège de la CAF à Johannesburg, Patrice Motsepe semble de plus en plus être le candidat de la FIFA. Et le patron de la fédération internationale a, lors de son dernier voyage africain, possiblement convaincu la diplomatie marocaine.
Un piège tendu par la FRMF et la FIFA
Le royaume a en effet convié les candidats ouest-africains et le candidat maghrébin à la présidence de la CAF les 27 et 28 février derniers. Un traquenard, puisque, une fois sur place, Senghor, Anouma et Yahya, les candidats sénégalais, ivoirien et mauritanien, ont eu la surprise de tomber nez à nez avec des émissaires de Gianni Infantino revenus sur le sol marocain pour l’occasion.
Anouma exclu des discussions, le président de la FRMF a tenté de convaincre Augustin Senghor pendant plus de deux heures, selon des sources proches de la diplomatie marocaine. Mais le convaincre de quoi ? Les émissaires de la FIFA et Fouzi Lekjaa, le patron de la FRMF, auraient proposé au Sénégalais et au Mauritanien un deal : des postes à la vice-présidence de la CAF contre leur soutien à la candidature de Motsepe.
Vers un ticket Yahya-Motsepe ?
Les candidats ont eu une deuxième surprise avec la visite du principal intéressé. Le candidat sud-africain a tenté de convaincre de vive voix Senghor, Yahya et Anouma qu’il était le mieux placé pour briguer le poste de président de la CAF.
Si le Mauritanien, initialement soutenu par la FIFA, risque bien d’accepter la proposition du Maroc et de postuler à la vice-présidence, Anouma et Senghor veulent semble-t-il aller au bout. Face à l’insistance de la FIFA pour favoriser Motsepe, les deux Ouest-Africains devront certainement, d’ici au 12 mars, envisager d’entamer des négociations pour présenter une candidature unique, au risque de voir le Sud-Africain s’ouvrir une autoroute pour le second tour du scrutin.