Huit ans après avoir voulu briguer, sans succès, la présidence de la CAF, Jacques Anouma tente une nouvelle fois de se glisser dans la course. Mais ses chances de succès restent très minces.
Hors jeu en 2012, le revoici en 2021. Le 18 novembre dernier, Jacques Anouma annonçait fièrement sa candidature à la présidence de la Confédération africaine de football. Son objectif ? « Restaurer notre maison commune » et mettre en place « une gestion moderne, responsable et transparente de la CAF ». Huit ans après avoir vu sa candidature invalidée par la commission électorale de la CAF, l’Ivoirien veut sa revanche.
La CAF, Anouma la connaît bien. Six ans après avoir quitté la présidence de la Fédération ivoirienne de football (FIF), qu’il a occupée pendant neuf ans, Jacques Anouma a été désigné médiateur des présidents de la CAF et de la FIFA. Mais, même s’il a tissé un réseau au sein de l’institution, l’Ivoirien fait malgré tout figure d’outsider. Alors, fort du soutien de son Premier ministre Hamed Bakayoko, l’ancien dirigeant de la FIF s’est lancé dans une opération séduction sur tout le continent.
Retardé par un test positif au coronavirus en janvier dernier, Jacques Anouma, âgé de 69 ans, a eu le temps de peaufiner sa stratégie. Mais pas de s’attirer les faveurs de son président de la République. « S’il bénéficie d’un soutien national de façade, Anouma n’est pas considéré par Alassane Ouattara comme son homme. Le président ivoirien ne le soutient pas réellement, notamment à cause de ses fonctions sous Gbagbo », explique une source proche du palais présidentiel.
Anouma a cependant réussi à obtenir un appui logistique de la part de son pays. Les autorités ivoiriennes ont mis un jet à sa disposition. Et le candidat à la présidence de la CAF aurait d’ores et déjà prévu deux visites officielles au Tchad et au Ghana, où il tentera d’obtenir ses premières promesses de vote. Une délégation dirigée par François Albert Amichia, ex-ministre ivoirien des Sports, s’est d’ailleurs rendue début février en Guinée pour tenter de convaincre Alpha Condé. Une délégation qui était alors venue… sans le principal intéressé.
Accusations de détournements et de pots-de-vin
Mais Jacques Anouma reste pour autant un éternel outsider. Et si l’Ivoirien promet d’être le « candidat pour une gestion moderne, responsable et transparente » d’une institution sportive en crise, il doit également composer avec ses propres affaires. En mai 2019, Anouma a en effet été accusé d’avoir détourné 2,3 milliards de francs CFA avant son départ de la FIF. Ancien directeur des Finances de la présidence de la République, alors que Laurent Gbagbo était chef de l’Etat, Anouma trempe également dans un scandale de détournements au sein de la filière café-cacao.
Enfin, le nom de Jacques Anouma pourrait bien revenir au centre des débats dans les mois à venir, alors que la Coupe du monde au Qatar se profile. Un député britannique, Damian Collins, assurait en 2011 que, comme l’ex-président de la CAF, Issa Hayatou, Jacques Anouma avait monnayé son vote pour le Qatar. Le député avançait que 1,5 million de dollars avaient été payés aux deux membres du comité exécutif de la FIFA. Sous la pression des concurrents du Qatar, à l’approche du Mondial, l’affaire pourrait bien ressortir très vite.
A l’heure où la CAF veut retrouver de sa superbe, après avoir été éclaboussée par les scandales financiers sous l’ère Ahmad Ahmad, ces « casseroles » pourraient bien être fatales à la candidature de Jacques Anouma. En coulisse, Alassane Ouattara avait affirmé à son entourage avoir « un atout politique » pour exiger de Macky Sall le retrait de son candidat, Augustin Senghor, favori déclaré à la présidence de la CAF. A moins d’un mois du scrutin, il n’en est rien et Anouma risque de courir vainement pour aller chercher des promesses de vote.