Dans la matinée du 10 avril, le président Guelleh a été déclaré vainqueur de l’élection présidentielle de vendredi à Djibouti. Le scrutin a été marqué par le boycott de l’opposition. Le chef de l’Etat va entamer son cinquième mandat.
Environ 215 000 électeurs djiboutiens se sont dirigés vers les urnes le 9 avril dernier afin d’élire le président du pays. Les résultats ont été annoncé le lendemain matin. Le décompte avait commencé dès la fermeture des bureaux de vote dans la nuit du vendredi.
Ce sera donc, sans grande surprise, Guelleh qui dirigera à nouveau les destinées de Djibouti pour son cinquième mandat depuis son ascension au pouvoir en 1999. Le candidat a obtenu 167 535 voix, « Le président Ismail Omar Guelleh a obtenu 98,58% des votes », a déclaré samedi le ministre de l’intérieur Moumin Ahmed Cheick à la chaîne publique RTD, ajoutant que les résultats seront confirmés et publiés par le Conseil constitutionnel.
Une élection paisible
Les observateurs électoraux étrangers et nationaux ont déclaré hier soir que « le processus s’est déroulé sans heurts, sans aucun signalement d’inconduite ». Le dépouillement avait commencé immédiatement après la fin des votes dans le dernier bureau.
Dans le pays de la Corne de l’Afrique, qui surplombe l’une des routes commerciales les plus fréquentées du monde, au carrefour entre le continent africain et la péninsule arabique, l’élection se déroulait sans véritable enjeu. Ce qui explique la faible affluence vers les bureaux de votes.
Dans une publication sur les réseaux sociaux, un Guelleh ravi a écrit : « Merci pour votre confiance, merci pour Djibouti ! Continuons ensemble ! » Il avait aussi salué le déroulement pacifique de l’élection après avoir voté lui-même dans la capitale. Vêtu des habits blancs traditionnels, il s’était dit très confiant pour la victoire. Et pour cause, il était assuré de la remporter.
Dernier mandat sur un bilan honorable ?
Guelleh et sa famille élargie contrôlent Djibouti d’une main de fer depuis 1999. La dernière vague de manifestations de l’opposition en 2020 avait été réprimée brutalement. Il avait fait supprimer la limite de mandats présidentiels en 2010. Cependant, il a introduit dans le même texte une limite d’âge de 75 ans, ce qui priverait le président de futures participations aux élections.
Jusque-là, Ismail Omar Guelleh a remporté les scrutins avec au moins 73 % des voix lors de chaque élection présidentielle qu’il avait disputée. L’opposition traditionnelle avait exprimé son inquiétude en vue du scrutin d’avant-hier, qui ne serait pas très représentatif ou équitable selon elle. En effet, bien que le gouvernement insiste sur la participation lors de cette élection, les 215 000 prétendus électeurs d’hier ne représentent que 21% des votants djiboutiens potentiels.
Il n’empêche que le bilan de Guelleh reste honorable, Djibouti ayant connu des succès économiques malgré la récession. Et si on observe bien les pays voisins, on pourrait même s’aventurer à dire que Guelleh a fait bon usage de ses pouvoirs.
Il était donc difficile pour une opposition invisible et divisée de prôner le changement et l’alternance.