Le « Made in Morocco » est-il l’avenir de l’économie marocaine ? Dans de nombreux secteurs, les initiatives visant à promouvoir la consommation des produits locaux se succèdent. Un véritable défi.
Véritable fer de lance du « patriotisme économique », le label « Made in Morocco » prend ses marques. Présenté le 11 octobre 2021 devant le parlement marocain, qui a adopté ce programme qui s’étend jusqu’à 2026, ce label a pour objectif de promouvoir le « consommer local » dans le pays, mais aussi d’imposer le Maroc comme un producteur de poids dans la région nord-africaine, voire dans le monde.
Pour ce faire, le programme prévoit des aménagements législatifs et financiers. Il faut, pour promouvoir le « Made in Morocco », encourager les investisseurs nationaux et simplifier au maximum les procédures administratives pour l’obtention du label.
L’objectif du gouvernement est, dans un premier temps, de réduire la dépendance du royaume aux importations. Ces dernières représentent un total de 3,6 milliards de dollars. Limiter les importations permettrait, selon les premières prévisions, de créer plus de 100 000 emplois.
Mais cela passe par une révision des accords de libre-échange. La presse qualifie ces derniers de « concurrence internationale déloyale ».
Le Maroc mise sur le digital
Dans plusieurs secteurs, les entrepreneurs prennent acte du programme. L’ Agence webplus de développement digital (ADD) a accéléré l’exécution du programme Maroc Digital 2020, qui vise à numériser 50 % des procédures administratives et de connecter au moins 20 % des PME du pays, qui ne l’étaient pas, à internet.
Les autorités marocaines veulent prôner l’accélération des démarches administratives pour l’obtention des licences ou les déclarations de revenus, protéger les réserves de liquidités et de devises du pays, mais aussi promouvoir les produits locaux.
Le 14 janvier dernier, la ministre déléguée marocaine chargée de la Transition numérique et de la Réforme administrative, Ghita Mezzour, a annoncé le lancement de MoroccoTech. Avec un large panel de grandes entreprises publiques et privées qui participeront au projet, l’objectif sera de « promouvoir l’économie digitale marocaine, en incluant les acteurs nationaux ».
C’est justement parce que le Maroc dispose d’un écosystème digital propice à l’investissement que le royaume chérifien peut se permettre d’encourager et d’accueillir encore plus de startups nationales, de digitaliser l’activité industrielle et de numériser ses administrations.
Pour rappel, le Maroc a lancé l’année dernière, au sein de l’Université Mohamed VI Polytechnique (UM6P), le plus grand data center d’Afrique. Un supercalculateur doté de 69 000 processeurs, de 1 300 serveurs et d’une gigantesque capacité de stockage.
Des véhicules « Made in Morocco »
La numérisation progressive de l’administration marocaine permettra, également, d’accélérer le branding « Made in Morocco » dans les secteurs industriels, notamment ceux de l’automobile et des produits pharmaceutiques.
L’installation, au Maroc, du groupe chinois Citic Dicastal, a permis de dynamiser le secteur automobile qui, malgré des fonds étrangers, permet de faire travailler une main-d’œuvre et une direction marocaines. Une troisième usine automobile a été inaugurée à Kénitra.
De quoi mettre la pression sur les groupes Renault et Stellantis, et encourager la concurrence dans le secteur automobile marocain, qui a vu ses exportations de véhicules « Made in Morocco » augmenter de 18 % en 2021 par rapport à l’année précédente.
L’industrie automobile marocaine, régie par la loi de 2010 promulguant la nationalisation du secteur, oblige les constructeurs, même étrangers, à recruter de la main-d’œuvre locale. Ce qui permet notamment d’apposer le label « Made in Morocco » sur les produits industriels assemblés dans le pays.
La production pharmaceutique, secteur stratégique
Alors que le Maroc sort petit à petit de la crise sanitaire de la Covid-19, la mise en place de la couverture médicale universelle, promise par Mohamed VI en 2020, impose une révolution du secteur pharmaceutique.
La construction de l’usine de vaccins de Benslimane, à Casablanca, a été lancée le 27 janvier dernier. Mais comme l’explique la presse, ce projet ne permettra pas de produire les vaccins de A à Z. Il s’agit d’une unité de « fill and finish » des groupes pharmaceutiques associés. Les ambitions marocaines dans le secteur pharmaceutique dépassent les partenariats avec les groupes internationaux.
Selon le Dr Anwar Cherkaoui, « la secteur des médicaments est un gouffre financier pour tout le système de prise en charge et de remboursement des soins ».
Le spécialiste marocain rappelle que le gouvernement marocain, par le biais de la Fédération marocaine de l’industrie et de l’innovation pharmaceutique (FMIIP) a déjà initié un programme de production de médicaments et de vaccins 100% marocains.
« La stratégie de la FMIIP a mis noir sur blanc les réformes à entreprendre dans le secteur pharmaceutique, avec évidement l’appui et l’accompagnement des autorités de tutelle, donc de l’Etat Marocain », conclut Anwar Cherkaoui.
Un autre secteur avec une importance stratégique indéniable, sur lequel le Maroc compte se focaliser ces prochains mois.