Alors que l’OMS alerte quant à une chute de 42 % des taux de vaccination en Afrique, seules 17 % des populations africaines sont entièrement vaccinées contre la Covid-19.
C’est une levée de boucliers de tous les côtés. Le constat des ONG et des Etats africains est simple : les gens ne veulent plus se faire vacciner contre la Covid-19. Tant et si bien que, par exemple, le groupe pharmaceutique sud-africain Aspen risque d’abandonner son projet de production de vaccins Johnson & Johnson (J&J), car la demande ne suit pas la production.
Du côté de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), malgré une hausse de 23 % des taux de vaccination en Afrique pendant le mois de février, les mois de mars et d’avril ont témoigné de chutes atteignant respectivement 35 % et 42 %. Malgré cette baisse, au niveau de l’acquisition des vaccins, certains pays refusent de se procurer des doses, préférant tenter d’écouler les stocks déjà reçus.
Selon Rahab Mwaniki, coordinatrice pour l’Afrique de l’organisation People’s Vaccine (PVA), « demander aux Africains de prioriser la vaccination contre la Covid-19 est une demande difficile ». « Les gens disent que l’Occident ne les a jamais vraiment soutenus », poursuit-elle.
Selon le responsable de développement humain en Afrique de l’Est et en Afrique australe pour la Banque mondiale (BM), Amit Dar, sur les 3,6 milliards de dollars réservés à l’achat de vaccins en Afrique, à peine 520 millions ont été dépensés.
Africa has the lowest COVID mortality rate of any continent. It also has the lower rate of so-called boosters. 98.4% of its population has not received a “booster.” This shows how much can be accomplished sometimes by not doing something.
— CommonSense MD (@CommonSenseMD1) May 11, 2022
Manque de sensibilisation
La responsable de la campagne de vaccination contre la Covid-19 au Ghana, Christina Odei, estime quant à elle que, « au début, tout le monde en voulait vraiment (des vaccins, ndlr), mais nous ne les avions pas eus ». « Si nous avions reçu des vaccins plus tôt, ce genre de choses ne se produirait pas », peste-t-elle.
En effet, le boycott des populations africaines pour la vaccination contre la Covid-19 est palpable. Un reportage de Reuters montre qu’au Ghana ou au Sénégal, les équipes de vaccination déployées sur le terrain peinent à convaincre les gens de se faire injecter une dose. « Nous faisons le tour des marchés et des magasins animés avec des glacières en bandoulière remplies de vaccins Covid-19. Mais après des heures, nous n’administrons que quatre doses », assure un travailleur de la santé.
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Pourtant, plusieurs pays africains, comme la Gambie, la Sierra Leone, l’Afrique du Sud et le Kenya investissent beaucoup de fonds dans les campagnes de vaccination mobiles. La seule solution selon les responsables pour sensibiliser les populations et faciliter les démarches.
Le directeur des services de santé auprès du ministère gambien de la Santé, Mustapha Bittaye, assure que la Gambie a récemment refusé la réception de 200 000 doses de vaccins de la part de l’Union africaine. « Les autorités distribuent encore un ancien lot, on n’a pas besoin de plus de vaccins », assure-t-il.
There is a global prices crisis. No other words can describe what we are experiencing. Its broad impact may be more devastating than any crisis witnessed over the last decade, including Covid-19, as the poor gets poorer. From America, Europe, through Asia to Africa, same story. pic.twitter.com/QM6ttakLeB
— Gabby Otchere-Darko (@GabbyDarko) May 18, 2022