Les militaires gabonais ont déposé Ali Bongo après l’annonce des résultats, truqués, de la présidentielle. Désormais, les Gabonais attendent de savoir si leur voix, qui réclame l’alternance, sera entendue.
C’est à la fois un scénario déjà vu en Afrique ces dernières années et un événement. Ali Bongo n’est plus le président du Gabon. Au petit matin, plusieurs militaires, parmi lesquels des bérets verts de la Garde républicaine, ont fait une allocution télévisée dans laquelle ils affirment « mettre fin au régime en place » après avoir constaté « une gouvernance irresponsable, imprévisible ».
Des militaires qui ont attendu la proclamation officielle des résultats de la présidentielle du samedi 26 août. La victoire tronquée du président Ali Bongo Ondimba n’est, cette fois, pas passée, alors qu’en 2016 déjà, l’opposition avait déploré la fraude massive lors du duel entre Ali Bongo et Jean Ping.
L’événement, c’est le timing : les militaires montrent que, cette fois, il ne s’agit pas d’une simple histoire de dissensions internes au Palais du bord de mer de Libreville. C’est bien au terme d’un scrutin truqué que l’armée s’est retournée contre Bongo. Sur place, la situation est encore confuse, mais déjà, des appels aux peuples ont été diffusés, pour que celui-ci soutienne l’armée.
Un putsch ? Non, une « opération dignité »
Ce qui fait dire à un opposant sur place : « Plus qu’un simple putsch, il s’agit d’un ‘opération dignité’ pour accéder aux exigences du peuple ». Et pour la première fois depuis les coups d’État au Malin, en Guinée, au Burkina Faso et au Niger, ce n’est pas un pays de la Cedeao qui tombe. La gestion de l’après-coup d’État sera donc potentiellement plus simple.
Tout dépend cependant de ce que feront les militaires. Le colonel qui a pris la parole a d’ores et déjà affirmé que « les élections générales du 26 août 2023 ainsi que les résultats tronqués sont annulés ». La connexion à internet aurait été rétablie. Un bon point pour ce pays qui était dans un « black-out » total depuis samedi. De plus, « toutes les institutions de la République sont dissoutes, notamment le gouvernement, le Sénat, l’Assemblée nationale, la Cour constitutionnelle, le Conseil économique, social et environnemental, le Centre gabonais des élections ».
Vers un dialogue national organisé par A23 ?
Que va-t-il désormais se passer ? Sur place, chez les opposants, c’est un mélange d’espoir et de méfiance. « Il faut prendre au mot les souhaits et les raisons du putsch, résume l’un d’eux sous couvert d’anonymat. L’objectif doit être le retour à l’ordre institutionnel. Mais ce coup d’État est une validation de l’annulation du simulacre d’élections. Il faut désormais préparer l’alternance politique ».
Car c’est bien de cela dont il s’agit : mettre fin à l’hégémonie du clan Bongo, symbolisé par la toute-puissance de la désormais ex-Première dame, Sylvia Bongo. Des voix, au Gabon, se font déjà entendre pour l’organisation d’« assises de la transition » qui pourraient se faire autour de la plateforme Alternance 2023 qui a vraisemblablement remporté haut la main l’élection présidentielle.