En Côte d’Ivoire, en revoyant l’organisation du RHDP et en désignant bientôt un vice-président, Alassane Ouattara semble déjà préparer la présidentielle de 2025.
S’il y a bien un message qu’Alassane Ouattara a retenu de la dernière campagne présidentielle, c’est que, sans dauphin, le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) ne survivra pas. En effet, Amadou Gon Coulibaly, Premier ministre en exercice, avait été désigné candidat du parti pour la présidentielle. A son décès en juillet 2020, Alassane Ouattara avait fini par annoncer sa candidature pour un troisième mandat, jugé par une partie de la classe politique comme illégal. Au lendemain du décès de son Premier ministre, le président avait expliqué pourquoi il serait obligé de battre campagne : « A l’heure actuelle, compte tenu des délais, je ne vois hélas pas d’autre solution pour préserver la stabilité du pays ».
Dans les couloirs du palais présidentiel, les discours divergeaient. Il y avait ceux qui assuraient qu’Alassane Ouattara savait qu’Amadou Gon Coulibaly était malade et qu’il avait donc tout prévu pour retrouver son fauteuil, notamment poussé par la Premier dame, Dominique Ouattara. Et puis, il y avait les proches du chef de l’Etat qui le disaient fatigué, sans l’envie de briguer un troisième mandat. Et que ce serait donc sa toute dernière campagne.
A trois ans de la prochaine présidentielle, Alassane Ouattara réfléchit en tout cas à cette option. Il est encore un peu tôt pour annoncer qu’il ne sera plus candidat à la magistrature suprême. Mais le président ivoirien veut, cette fois, mettre toutes les chances du côté du RHDP. Quitte à faire passer le parti devant l’Etat. Ouattara s’est longtemps penché sur le cas du directoire du parti, avant de nommer Gilbert Koné Kafana président en charge de la restructuration de la formation présidentielle.
Le poste de vice-président remis au goût du jour ?
Une première pierre posée par Ouattara en vue de l’élection de 2025 : Gilbert Koné Kafana et d’autres auront la lourde tâche de resserrer les rangs derrière « ADO » et de trouver l’équipe qui fera campagne dans trois ans. Mais, outre le ministre chargé des Relations avec les institutions, Ouattara vient de désigner deux autres ministres qui intègreront l’organe exécutif du RHDP : Jeune Afrique assure en effet qu’Adama Coulibaly, ministre de l’Economie et des Finances, et Pierre Dimba, ministre de la Santé, auront des fonctions au sein du directoire du parti présidentiel.
Quel est l’effet escompté de ces nominations ? Il s’agit notamment de mettre en avant le clan présidentiel et de réduire l’influence d’Adama Bictogo. L’ancien directeur du RHDP mis sur la touche, le Premier ministre Patrick Achi, notamment, peut avancer ses pions, en collaboration et en accord avec « ADO », tout comme le frère d’Alassane Ouattara. Le directoire de la formation politique devra à tout prix mettre en avant des personnalités politiques qui porteront le projet présidentiel, sans la jouer de façon trop individuelle.
Mais ce n’est pas tout : ce qui laisse penser à une préparation, très hâtive, de la présidentielle de 2025, c’est le rétablissement d’un poste qui n’existait plus depuis deux ans. Africa Intelligence affirme que le chef de l’Etat ivoirien envisage en effet de revoir l’organigramme de l’exécutif et de nommer, dans les prochaines semaines, un vice-président. Une fonction qui avait été supprimée lors de la présidentielle de 2020. En nommant un vice-président, Alassane Ouattara montre qu’il pourrait bien passer la main. A condition de trouver le dauphin idéal.