Le 4 mai prochain, Yacine Idriss Diallo prendra officiellement les rênes de la Fédération ivoirienne de football (FIF), après avoir devancé Didier Drogba et Sory Diabaté lors d’une élection très serrée.
Talent, compréhension tactique et instinct. Voilà les qualités qu’un footballeur doit avoir pour marquer une panenka. Il faut également un peu d’insouciance… Toutes les qualités dont Yacine Idriss Diallo a dû faire preuve pour remporter un scrutin dont il était pourtant l’un des outsiders.
En effet, alors qu’il n’était pas forcément le plus populaire, ni le plus exubérant, Yacine Idriss Diallo s’est positionné là où on ne l’attendait pas forcément. L’Ivoirien est devenu le président de la Fédération ivoirienne de football le 23 avril dernier. La presse locale, à l’instar du magazine Afrique sur 7, y voit la défaite « de l’arrogance (de Drogba) face à l’humilité de Yacine Idriss Diallo ». La défaite aussi, avec Diabaté, d’un système.
La FIF est en crise depuis plusieurs années. Il y a cinq ans, les Eléphants de Côte d’Ivoire échouent à se qualifier pour la Coupe du monde 2018. Les dirigeants de clubs et des personnes très influentes demandent alors le départ d’Augustin Sidy Diallo, à la tête de la FIF depuis 2011. Fin 2020, le dirigeant décèdera.
La FIFA lui aurait préféré Didier Drogba
Depuis, les dates de l’élection présidentielle sont constamment repoussées. Avec des ingérences à peine voilées de la Fédération internationale de football (FIFA) et de la Confédération africaine de football (FAF), qui ont tout fait pour pousser le président Alassane Ouattara à soutenir Didier Drogba.
Pendant qu’Infantino et Motsepe, les présidents respectifs des deux institutions internationales, agissaient en coulisses, Drogba, lui, tentait de rallier des soutiens. Le collège d’électeurs de la FIF est notamment composé des représentant de la Ligue 1, la L2 et la D3, ainsi que des « groupements d’intérêt ». Drogba n’a finalement obtenu que 16 % des voix et n’a même pas passé le premier tour. Au second, Diallo a été annoncé vainqueur, par 63 voix contre 61, juste devant Sory Diabaté.
La fin de deux ans d’atermoiements. Et le début d’une nouvelle ère. Diallo va avoir fort à faire. Mais sa victoire est celle non pas d’un homme mais d’un programme : face à la popularité de Drogba et à l’expérience de Diabaté, Idriss Diallo proposait de remettre au centre du jeu le football amateur. Ce qui semble avoir été la recette gagnante.
Car après deux non-qualifications consécutives pour la Coupe du monde et deux éliminations — en quarts et en huitièmes de finale — des deux dernières Coupes d’Afrique des nations (CAN), Diallo va devoir revoir le fonctionnement de la FIF. Il devrait, selon son entourage, s’appuyer sur les recommandations du cabinet EY, qui a listé les dysfonctionnements au sein de la fédération.
Diplomate et fin connaisseur du monde du football
Le premier chantier de Diallo sera également celui des droits télévisés. Le nouveau président de la FIF devrait se rendre à Paris, pour y rencontrer les dirigeants du groupe Canal+, diffuseur actuel des matchs de la Ligue 1 ivoirienne. Un dossier qu’il connaît bien, puisqu’il est passé par la Radiodiffusion télévision ivoirienne (RTI). Idriss Diallo ira ensuite à Genève, au siège de la FIFA. L’instance internationale de football, qui comptait sur une victoire — peu probable — de Drogba devra composer avec le nouveau président de la FIF.
Un nouveau dirigeant qui respire football depuis son plus jeune âge. Alors âgé de 24 ans, en 1984, il devient vice-président de l’Asec Mimosas, un club en crise. Il restera en fonction pendant cinq ans et étudiera, de l’intérieur, les rouages de la FIF dont il deviendra le vice-président en 1990.
Reste que son poste est éminemment politique. Outre la diplomatie dont il devra faire preuve pour avoir de bonnes relations avec deux personnalités qui ont tout fait pour provoquer sa défaite — Infantino et Motsepe —, Diallo devra naviguer entre les intérêts des présidents de clubs ivoiriens et les fameux « groupements d’intérêt », très puissants au sein du monde du football local. Mais Idriss Diallo sait manœuvrer : avant de devenir président de la FIF et de travailler dans le privé, il avait enchaîné les postes importants au sein de la fonction publique. Tout au long de sa carrière, il a pu compter sur le soutien de l’ex-Premier ministre, Hamed Bakayoko.