Le président ivoirien Alassane Ouattara annoncera bientôt son nouveau gouvernement. Le Premier ministre Patrick Achi sera reconduit. Entre temps, le chef de l’Etat ivoirien compte déménager dans un nouveau palais.
Il est loin le temps où la rue contestait le troisième mandat, illégal, d’Alassane Ouattara. Lors que le Conseil constitutionnel de Côte d’Ivoire annonçait malgré tout la victoire d’Alassane Ouattara, il y a moins de seize mois, personne n’imaginait alors, malgré la grogne populaire et la crise politique, la mainmise qu’« ADO » aurait aujourd’hui sur le pays.
Ouattara semble déjà préparer l’avenir. Et pour ce faire, le président ivoirien débute une réorganisation de taille, qui commencera par un remaniement.
Depuis 2011, le chef de l’Etat a côtoyé six Premiers ministres et nommé encore plus de gouvernements. En à peine un an, il en est déjà à son troisième. Et alors que l’opposition, notamment après le retour au pays de Laurent Gbagbo, espérait se frayer une place en son sein, Ouattara joue à 100 % la carte du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), son parti politique.
Le premier objectif d’Alassane Ouattara est de garder son Premier ministre Patrick Achi, qu’il avait extirpé en mars dernier d’une short-list de ses derniers soutiens. Le reste du gouvernement, dont tous les membres sont issus du RHDP, sera réduit. Mais une chose est sûre : malgré les dialogues entre le pouvoir et l’opposition de ces derniers mois, il n’est pas question de laisser une quelconque place au sein du futur gouvernement aux opposants.
Un nouveau gouvernement 100 % RHDP
Si le remaniement du gouvernement est prévu dans un esprit de créer « un gouvernement plus technocrate et resserré, où le seul critère est la compétence », selon les mots du président, Ouattara n’a pas l’intention de regarder ailleurs qu’au RHDP.
La réduction du nombre de ministres, elle, est presque actée. Patrick Achi devra réduire son gouvernement à son strict minimum : une trentaine de ministres devraient être conservés. Certains ministères seront fusionnés, et jusqu’à quatre portefeuilles changeront de détenteurs, annonce Jeune Afrique, très proche du pouvoir ivoirien.
L’annonce du nouveau gouvernement pourrait intervenir le 28 février prochain. Et quelques jours plus tard, Alassane Ouattara sera le locataire d’un nouveau palais.
En effet, le chef de l’Etat ivoirien déménagera dans ses bureaux flambant neufs, dans l’Esplanade, un immeuble de cinq étages proche de l’ancien palais de Félix Houphouët-Boigny à Abidjan.
2012-2022: 10 ans déjà que Dramane Ouattara a bénéficié de l’annulation de la dette (initiative PPTE). Que fait donc encore la CIV du PhD en économie sur la liste des PPTE en 2021, qui comprend 13 pays CFA + les Comores (12 Cedeao & 8 Ceeac sur 36 pays recensés) pic.twitter.com/v1gad9Ez6n
— Nathalie Yamb (@Nath_Yamb) February 16, 2022
Ouattara, seul aux commandes ?
Après les perturbations post-électorales, Alassane Ouattara est désormais à son aise, trouvant des réponses à toutes les questions. Concernant l’inflation, il estime que la cherté de la vie est « un phénomène malheureusement mondial ». Quant à la sécurité régionale, il assure : « Nous sommes obligés d’acheter des armes, d’avoir une plus grande professionnalisation mais c’est notre devoir aussi. Les armées nationales doivent régler les problèmes sur nos territoires nationaux et c’est cela notre philosophie ».
En termes de diplomatie, Ouattara est toujours en très bons rapports avec l’Union européenne, et il est de ce fait religieusement défendu par une majorité de ses pairs de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Même si, cela ne l’a pas épargné du scandale de la fuite de son échange avec l’ancien Premier ministre malien Boubou Cissé, lors duquel il a tenu des propos pour le moins insultants envers les autorités maliennes.
Mais en ce qui concerne la gouvernance, Ouattara estime qu’il a « fait de grands progrès en matière de démocratie et de droits de l’homme ». Même s’il admet que la Côte d’Ivoire traverse « une période difficile, à cause du terrorisme, de la pauvreté, des problèmes globaux de réchauffement climatique… ».
Une posture qui ne doit rien au hasard. Ouattara profite de la division de l’opposition ivoirienne, qui pense déjà à la prochaine présidentielle.
Cela fait un an que le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA) de Henri Konan-Bédié et le FPI de Laurent Gbagbo ont perdu les élections législatives. Et même depuis le retour de Gbagbo en Côte d’Ivoire, le temps s’est figé pour l’opposition ivoirienne.
Outre la dernière rencontre entre les deux chefs de l’opposition, théoriquement annonciatrice d’un front commun anti-Ouattara, Gbagbo et Bédié sont aujourd’hui aux abonnés absents de la scène publique. C’est le calme absolu donc, au bonheur d’Alassane Ouattara, qui profite de sa tranquillité. Le président ivoirien est désormais seul et incontesté aux commandes du pays.