Autrefois chef rebelle, Premier ministre et président de l’Assemblée nationale de la Côte d’Ivoire, Guillaume Soro a été condamné à perpétuité par contumace ce mercredi.
Un tribunal en Côte d’Ivoire a condamné l’ancien chef rebelle et Premier ministre Guillaume Soro. La sentence de réclusion à perpétuité par contumace était attendue après les déclarations du président Alassane Ouattara. Et c’est justement pour avoir, prétendument, fomenté un coup d’État contre le président fin 2019, que Soro a connu ces déboires avec la justice. Ou est-ce vraiment le cas ?
Etrangement, lorsque le président Ouattara a été interrogé sur l’affaire, il a affirmé : « Il mérite la prison à perpétuité pour ce qu’il a fait ». Et comme la justice est indépendante, Ouattara a obtenu exactement ce qu’il souhaitait. Quant aux objectifs de condamner un chef d’opposition à l’exil – comprenez Soro, qui voulait se présenter à l’élection de 2020 – ils sont plutôt peu discrets.
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Avec le retour de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara cherche à diviser pour conquérir. Pas que Soro et Gbagbo fassent partie de la même formation politique, mais Ouattara voudrait éliminer tout risque de voir les partisans de Gbagbo et de Soro faire front dans le futur. Et, surtout, éviter de devoir faire face à trop d’opposants dans de futures élections.
Les anciens amis font les pires ennemis
Le verdict contre Guillaume Soro est tombé mercredi après qu’il a été inculpé de complot et de tentative d’atteinte contre l’autorité de l’État. Ainsi que la « la diffusion de fausses nouvelles ayant entraîné une atteinte au moral des populations ».
Les avocats de Soro ont précédemment condamné les accusations comme étant motivées par des considérations politiques. Ensuite, ils ont déclaré qu’il n’y avait aucune preuve démontrant qu’il était coupable. Deux autres prévenus, proches de Soro, Souleymane Kamagate et Affoussiata Bamba-Lamine, ont été condamnés à 20 ans de prison. Deux des frères de Soro et son ancien collaborateur Alain Lobognon ont été condamnés à 17 mois de prison pour « trouble à l’ordre public ».
Le tribunal a également ordonné la confiscation des biens de Soro et ceux de ses 19 coaccusés. Ainsi que la dissolution de son mouvement Générations et peuples solidaires (GPS) pour « actes subversifs ». Il leur a également ordonné de payer 179 millions de dollars à l’État ivoirien. Une première pour un juge pénal, qui ordonne la dissolution d’une association sans qu’il y ait de crimes associatifs.
L’affaire a soulevé des tensions dans la Côté d’Ivoire qui se remet encore de la guerre civile. Une guerre au cours de laquelle Soro a dirigé les rebelles qui ont porté Ouattara au pouvoir. Soro qui est populaire parmi la population ivoirienne jeune, a été Premier ministre et Président du parlement sous Ouattara. En janvier 2020, ce dernier se référait à Soro comme « son fils qui a beaucoup appris à ses côtés ». Mais les deux hommes se sont ensuite séparés. Lorsque le président a clairement indiqué qu’il s’opposerait aux ambitions présidentielles de Soro…