En pleine Conférence de Glasgow de 2021 sur les changements climatiques, la RDC a annoncé vouloir revoir ses contrats la liant avec les entreprises d’exportation de grumes.
La République démocratique du Congo (RDC) s’est pleinement engagée dans le Fonds bleu pour le Bassin du Congo. Son président, Félix Tshisekedi, est actuellement à Glasgow, en Ecosse, pour vanter l’importance de cette initiative aux côtés, notamment, du président Denis Sassou N’Guesso. Au-delà de l’initiative, portée par seize pays du Bassin et par le Maroc, il s’agit pour la RDC de faire le ménage sur son territoire. Car le pays est, selon un rapport de Global Forest Watch sorti il y a deux ans, le deuxième front de déforestation sur la planète.
Les chiffres parlent deux-mêmes : en à peine quinze ans, le pays a perdu 6 % de son couvert forestier. Une tendance qui s’est accélérée ces dix dernières années, puisque le déboisement a doublé depuis 2010, en RDC. Les causes de ce mal sont connues : le commerce, florissant, de bois de chauffage et de charbon de bois incitent les industries à la déforestation à augmenter leur activité. Sans oublier la forte demande de l’industrie agroalimentaire en huile de palme et l’agriculture intensive.
« Laisser du temps à la nature pour se restaurer »
La Conférence de Glasgow de 2021 sur les changements climatiques (COP26) est donc, pour Kinshasa, l’occasion de prendre des dispositions quant à la lutte contre la déforestation qui, si elle se poursuit, pourrait coûter cher au pays. La RDC vient donc d’annoncer l’interdiction de l’exportation de grumes, ces troncs d’arbres prévus pour être livrés en scieries. A l’approche de la COP26, Kinshasa a voulu frapper fort.
Eve Bazaïba, ministre congolaise de l’Environnement, a redit la volonté de la RDC de limiter, ces prochaines années, la déforestation et ainsi préserver les nombreuses espèces vivant dans la forêt du Bassin du Congo. Mais tout cela prendra du temps. Il faut, dit-elle, « laisser du temps à la nature pour se restaurer, notamment par le biais d’un programme de reboisement que nous avons organisé avec tous nos partenaires techniques, financiers et de développement ».
La fin de la déforestation est devenue un objectif mondial. Lors de cette COP26, ce mardi, les dirigeants de plus de 100 pays, qui représentent plus de 85 % des forêts du monde, se sont engagés à mettre fin à la déforestation d’ici à 2030. Ce qui représente, selon la Grande-Bretagne, « la plus grande avancée en matière de protection des forêts du monde depuis une génération ». Or, la forêt du Bassin du Congo est la deuxième forêt fluviale la plus grande dans le monde, derrière l’Amazonie. L’annonce faite par la RDC est donc tombée à pic.
Une avance prise par la RDC qui doit beaucoup à la volonté de Félix Tshisekedi, qui a lancé il y a un an une « Direction de reboisement et horticulture (DRHo) », qui a pour objectif de « reconstituer le capital forestier » de la République démocratique du Congo. D’ici à 2023, la RDC veut planter un milliard d’arbres et planifier des projets agroforestiers sur près de 2 000 hectares.
Lutter contre les dépassements de quotas
Mais comment le pays pourra-t-il gérer cette reforestation, alors qu’il exporte chaque année plus de 120 000 mètres cubes de grumes ? Les grands groupes, à l’instar de Sodefor, mais également les petites entreprises du pays, risquent en effet d’avoir le contre-coup de cette mesure dans les années à venir et de couler, pour les plus précaires d’entre elles. Tout d’abord, la décision congolaise a pour but de réguler cette activité, une partie de l’exportation de grumes étant jugée abusive, voire illégale, par plusieurs études, certaines entreprises allant au-delà des quotas autorisés.
Le président Félix Tshisekedi a d’ailleurs commandé, le mois dernier, un audit des contrats d’exploitation forestière passés entre l’Etat et les entreprises. Le ministère de l’Environnement assure ne plus vouloir « de contrats avec des partenaires qui sont venus couper sauvagement nos forêts » et affirme vouloir « mettre fin à ce type de contrats ».
Pour ce faire, la RDC devra également prévoir un cadre législatif adapté. En 2002 déjà, le Congo avait revu les règles pour l’attribution de nouvelles concessions forestières. Mais les abus se sont poursuivis, des pays asiatiques et européens continuant à importer des grumes coupées de façon illégale. La RDC devra également trouver une solution à un problème a priori insoluble à court terme : l’approvisionnement national en énergie, couvert par le bois à hauteur de 90 % de la population urbaine congolaise. Kinshasa misera sur le butane.