Le président congolais Denis Sassou N’Guesso sera reçu par Emmanuel Macron la semaine prochaine. Le chef de l’État français rêve d’une photo avec Sassou N’Guesso et Ali Bongo en mars prochain, à l’occasion du One Forest Summit.
Le président de la République française s’est-il lancé dans une mission impossible ? Depuis la Conférence de Charm el-Cheikh de 2022 sur les changements climatiques (COP27) et l’annonce de l’organisation du One Forest Summit, en mars 2023 au Gabon, Emmanuel Macron s’est lancé dans une drôle de croisade : il se verrait en effet bien réconcilier Ali Bongo, le chef de l’État gabonais, et son homologue congolais Denis Sassou N’Guesso.
Dès la fin du mois de novembre, Josué Serres, le conseiller technique affaires globales de l’Élysée, s’est rendu à Libreville pour poser la première pierre du sommet consacré à l’écologie. Sur place, il s’est entretenu avec le ministre gabonais de l’Environnement et des Forêts, Lee White. De quoi confirmer l’organisation de la version africaine du One Planet Summit.
Deux hommes irréconciliables ?
Mais les relations pour le moins tendues entre « DSN » et Ali Bongo posent un vrai souci à la présidence française. Car si Emmanuel Macron a bien prévu de participer au sommet consacré à la préservation des forêts d’Afrique centrale, il semble conditionner le succès de ce rendez-vous à la présence d’une délégation congolaise qui serait conduite par Denis Sassou N’Guesso.
En théorie, rien d’impossible : il arrive souvent que les deux présidents ennemis se croisent. Ce fut le cas à Glasgow, on s’en souvient. Dans les couloirs de la COP26, Sassou et Bongo s’étaient revus sans que cela ne pose problème. Mais la présence de nombreux autres chefs d’État avait certainement permis d’atténuer les tensions entre les deux hommes.
Pour le One Forest Summit de 2023, la situation est différente : le Bassin du Congo s’étend sur plusieurs pays, dont la République du Congo et le Gabon. La région est un des poumons de la planète et chaque pays de la zone a sa propre politique écologique. Ali Bongo s’est, depuis plusieurs années, lancé dans une politique verte qui se veut avant-gardiste et qui, pour des spécialistes, n’est rien d’autres que du « greenwashing ».
Denis Sassou N’Guesso, lui, « ne cesse d’alerter et de prévenir le commun des mortels des dangers liés à la destruction de l’environnement et au changement climatique » et est un « leader écolo-visionnaire et climato-optimiste », résume Michel Innocent Peya, auteur d’un livre consacré à la « Vision verte » de DSN. Pas question donc de se passer de la présence du président congolais lors du sommet de mars prochain.
Une visite de Macron à Brazzaville ?
Pour ce faire, Emmanuel Macron recevra Denis Sassou N’Guesso le 17 décembre — ou le 19 si l’équipe de France se hisse en finale de la Coupe du monde de football — à l’Élysée. Le président congolais aura, auparavant, voyagé à Washington pour le sommet USA-Afrique. Macron a prévu d’évoquer avec son homologue congolais la protection des forêts d’Afrique centrale et tentera de persuader ce dernier de l’accompagner à Libreville.
Un numéro d’équilibriste. Pour réussir à convaincre DSN du bien-fondé de sa demande, Emmanuel Macron devra lâcher du lest sur d’autres sujets. Parmi les propositions que devraient faire le chef de l’État français, une visite à Brazzaville en marge du sommet. La dernière visite d’État française remonte à treize ans déjà, sous Nicolas Sarkozy.