Jeudi dernier, un militaire gabonais a écopé de 15 ans de prison pour une tentative avortée de putsch. L’occasion de revenir sur ces coups d’Etat ratés, qui ont émaillé l’histoire africaine.
Le 1er juillet dernier, le lieutenant Kelly Ondo Obiang a été condamné par la Cour spéciale militaire du Gabon à 15 ans de prison. Une peine qui peut sembler clémente. Et pourtant, la tentative de putsch coûte cher au militaire et à ses partenaires lorsque l’on sait à quel point elle a été avortée par les autorités du pays. Nous sommes en janvier 2019. Ali Bongo est alors malade, et en convalescence au Maroc. Le lieutenant décide alors de profiter de l’absence du chef de l’Etat et du flou qui entoure celle-ci pour tenter de prendre le pouvoir. Lors d’une allocution télévisée, il appelle les militaires, les militants de la société civile et les membres du parti au pouvoir, le Parti démocratique gabonais (PDG), à le suivre dans sa démarche. Si quelques Gabonais y croient, le pays reste finalement assez calme et le GIGN, le Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN), neutralise Kelly Ondo Obiang et ses collègues en seulement quelques minutes. Une tentative de putsch qui entre dans la tradition des célèbres coups d’Etat ratés en Afrique.
Burkina Faso : un coup d’Etat et des excuses
A 3 000 kilomètres de là, en 2015, la population avait assisté à un autre coup d’Etat raté, considéré celui-ci comme le « coup d’Etat le plus bête du monde ». A Ouagadougou, Michel Kafando est alors au pouvoir, il doit gérer la transition après le départ de l’ancien président burkinabè Blaise Compaoré. C’est alors que le 16 septembre 2015, des militaires du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) font irruption en plein Conseil des ministres au palais de Kosyam. Ils prennent quatre personnes en otage. Ils démettent alors Kafando de ses fonctions et dissolvent le Conseil national de transition. Le 21 septembre, sous la pression de la Cedeao, un « contre-putsch » permet au CNT de reprendre le palais à Gilbert Diendéré, qui annonce la fin du coup d’Etat, s’excuse et admet que son « plus gros tort avait été de faire ce putsch ».
Les mystères du putsch raté en RDC
Des coups d’Etat ratés en Afrique, on en compte de nombreux en Afrique. L’un d’eux reste cependant un mystère. Le 27 février 2011, Joseph Kabila est président de la République démocratique du Congo. Le gouvernement d’alors évoque une « tentative de coup d’État ». Mais ni les circonstances ni les identités des putschistes ne sont claires. Selon des témoins, plusieurs hommes en civil, armés de machettes, auraient tenté de se rendre à la résidence présidentielle en défiant la garde républicaine. Des tirs auraient ensuite été échangés et trois assaillants tués. On n’a finalement jamais su si le coup d’Etat avait été tenté par des civils ou des militaires, et s’il s’agissait réellement d’un putsch. D’autant que le gouvernement n’a instauré aucun couvre-feu après ces événements. Des accusations ont également visé le Congo-Brazzaville voisin. Face à ce flou, les ministres ont finalement renoncé à parler de tentative de coup d’Etat.
Une trentaine d’échec depuis les années 1960
Des tentatives de coup d’Etat avortées, on en compte de nombreuses. Comme en 1984 au Cameroun, lorsque des officiers rebelles tenteront de débarquer Paul Biya, toujours au pouvoir aujourd’hui. En septembre 1995, aux Comores, c’est l’armée française, au travers de l’opération Azalée, qui empêchera Ayouba Combo, un militaire, de reprendre le pouvoir à Said Mohamed Djohar. Les années 2000 ont vu les tentatives de putsch s’accélérer : le Burundi et la Centrafrique en 2001, la Guinée équatoriale et le Tchad en 2004. Dix ans plus tard, ce sont des militaires qui attaqueront le palais présidentiel en Gambie. Et en 2015, le Burundi, encore lui, sera le théâtre d’une nouvelle tentative de coup d’Etat. Mais les forces militaires loyales à Pierre Nkurunziza empêcheront Godefroid Niyombare et ses hommes de prendre le pouvoir. En tout, depuis les indépendances africaines, près de 150 tentatives majeures de coups d’Etat, armées ou constitutionnelles, ont été recensées en Afrique. Une trentaine environ ont échoué, alors que quatre tentatives sur cinq ont été faites par des militaires.