Alors qu’il vient de fêter ses 89 ans, Paul Biya se fait de plus en plus discret dans les médias ou en politique. Le président camerounais a-t-il encore envie d’être à la tête de son pays ?
Dimanche dernier, le président camerounais Paul Biya fêtait ses 89 ans. Pour cette occasion, le chef de l’Etat a célébré l’événement, entouré des membres de sa famille et d’invités triés sur le volet. Avec quelques photos qui ont fuité dans la presse, l’anniversaire de Biya a permis une opération de communication bien huilée. Il faut dire que l’état de santé du président camerounais ne cesse d’alimenter les rumeurs, de nombreux Camerounais se demandant si Paul Biya est encore capable de tenir les rênes du pays.
Un mois avant le fameux anniversaire, Paul Biya a voulu marquer sa présence. Le 9 janvier dernier, la Coupe d’Afrique des nations s’ouvrait au Cameroun. Et alors qu’il avait pris l’habitude de se faire représenter par d’autres dirigeants ou personnalités, Biya avait finalement décidé de se rendre dans la tribune présidentielle du stade d’Olembé. Forcément, ce fut un événement.
Moins de dix rendez-vous politiques en 2021
Quelques semaines plus tard, Biya président la cérémonie de clôture, même s’il refusait de descendre de la tribune pour la remise de trophée. Au-delà de ces apparitions placées sous le signe du football et d’une adresse à la nation, lors de laquelle le président camerounais se félicita du « franc succès » de la CAN, qui a, a-t-il expliqué, « honoré non seulement le Cameroun, mais aussi toute l’Afrique », Paul Biya risque désormais de revenir à une vie plus calme, loin des appareils photos, des caméras… et de la politique.
Car en réalité, Paul Biya passe peu de temps dans les bureaux du palais de l’Unité, le palais présidentiel de Yaoundé. En effet, le chef de l’Etat camerounais préfère passer du temps dans son village natal de Mvomeka’a, dans le sud du pays. C’est de là-bas qu’il laisse sortir, au compte-gouttes, quelques photographies le montrant bien souvent entouré de sa famille, et particulièrement de son fils Franck et de sa femme Chantal. Les deux parents du chef d’Etat camerounais, loin d’être désintéressés, se livrent une guerre froide pour la succession.
Mais qu’en est-il des affaires courantes du pays ? A 89 ans, Paul Biya semble désormais vivre comme un retraité. Et si la presse camerounaise, acquise à la cause du pouvoir en place, n’hésite pas à se féliciter que le chef de l’Etat soit encore, à son âge, « droit comme un I » et qu’il ne recoure « ni à une canne ni à des béquilles, encore moins à un déambulateur », force est de constater que Biya n’a plus l’énergie d’antan pour gérer les affaires publiques.
Le calme après la CAN ?
Les chiffres parlent d’ailleurs d’eux-mêmes : en 2021, le président camerounais n’a reçu, hors ambassadeurs étrangers, qu’une petite dizaines de personnalités politiques, à en croire le décompte d’Africa Intelligence. A ces visites s’ajoutent celles d’une dizaine de diplomates étrangers, comme l’ambassadeur de France, Christophe Guilhou, qui a rencontré Paul Biya par deux fois.
CAN 2021 oblige, Paul Biya a tenté, l’année dernière, d’être un peu plus actif. Il a en effet reçu Patrice Motsepe, le président de la Confédération africaine de football (CAF), fin décembre dernier. La Coupe d’Afrique des nations terminée, Biya aura sans doute encore moins envie de recevoir de dignitaires étrangers ou de collaborateurs en 2022. Reste désormais à savoir comment le vieux président de 89 ans gèrera ses dernières années au pouvoir : l’élection présidentielle n’est, pour le moment, prévue qu’en 2025. Et d’ailleurs, il est même question que Paul Biya rempile, malgré sa quasi disparition des radars de la politique.