Le groupe de travail sur la détention arbitraire de l’ONU estime que Reckya Madougou a subi un procès injuste et demande au gouvernement béninois sa libération immédiate.
L’Organisation des Nations unies (ONU) a jugé, le 2 novembre dernier, que « la privation de liberté de Reckya Madougou est arbitraire ». Enfermée un mois avant la présidentielle béninoise, il y a un an et demi, l’opposante à Patrice Talon a été condamnée à vingt ans de prison en décembre dernier. Quelques jours avant elle, un autre opposant, Joël Aïvo, avait écopé de dix ans de prison.
L’ancienne Garde des Sceaux du Bénin, accusée de « financement du terrorisme », a dû faire face à un tribunal spécial de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET). Et à une parodie de procès : ses avocats ont toujours dénoncé un dossier vide, des conditions de détention humiliantes et une justice aux ordres du pouvoir.
Fort de ce constat, le groupe de travail sur la détention arbitraire de l’ONU demande au pouvoir béninois de « libérer immédiatement » Reckya Madougou. Une sortie due à la saisine, par la défense de l’opposante, de plusieurs organes internationaux.
Une détention « dépourvue de base légale »
Le groupe de travail sur la détention arbitraire de l’ONU, composé d’experts indépendants, « est responsable d’enquêter sur les cas de privation de liberté imposée arbitrairement ou de toute autre manière incompatible avec les normes internationales pertinentes énoncées dans la Déclaration universelle des droits de l’homme ou dans les instruments de droit international pertinents acceptés par les États concernés ».
Dans son avis, l’organe estime que la détention de Reckya Madougou est « dépourvue de base légale ». En cause, notamment, le traitement de l’affaire par la CRIET. « Le gouvernement ne justifie pas pourquoi un juge d’instruction ne pouvait pas être saisi pour décerner un mandat d’amener », s’étonne l’organe de l’ONU qui ajoute que « le gouvernement n’a fourni aucun procès-verbal de témoignages, d’échanges téléphoniques ou autre document à l’appui de ses déclarations quant à l’implication présumée de Reckya Madougou dans une entreprise de financement d’assassinats ».
Autrement dit, le groupe de travail sur la détention arbitraire de l’ONU estime lui aussi que le dossier de l’opposante est vide et demande que des preuves soient fournies pour justifier la lourde condamnation dont a écopé Reckya Madougou. Il déplore également un procès expéditif alors que la prévenue « n’a pas bénéficié du droit à la présomption d’innocence ».