Malgré la crise économique, le président sierra-léonais Julius Maada Bio a de grandes chances d’être réélu. Notamment grâce à la mésentente qui règne au sein de l’opposition.
Julius Maada Bio est un président au profil un peu particulier. Avant d’être désigné aux plus hautes fonctions par les électeurs serra-léonais, il avait, en 1996, présidé son pays après un coup d’État. Numéro 2 de la junte au pouvoir, à l’époque, il avait renversé le capitaine Valentine Strasser et relancé la démocratie en seulement deux mois, après avoir rétabli le multipartisme.
Après avoir tenté de briguer la présidence de la République en 2012, Julius Maada Bio est finalement arrivé à ses fins en 2018. Il avait alors été investi par le Parti du peuple de Sierra Leone pour participer à l’élection présidentielle qu’il avait remportée avec 51,8 % des voix.
L’opposition ne réussit pas à se mettre en ordre de marche
Cette année, Julius Maada Bio tentera de briguer un deuxième mandat, la limite imposée par la Constitution de Sierra Leone. Avec quel bilan ? En termes de diplomatie internationale, Bio a tenté de faire entendre sa voix dans le dossier malien. Au niveau national, la Sierra Leone est confrontée à une crise équivalente à celle de nombreux autres pays africains. Menacé par la crise alimentaire, le petit pays anglophone d’à peine 7 millions d’habitants a, en 2022, obtenu des aides notamment de la part du Fonds africain de développement et de la Banque africaine de développement. Objectif : arriver à l’autosuffisance dans le secteur du riz.
Mais les prix des denrées alimentaires sont une véritable épine dans le pied du président sortant. Il y a six mois, les populations sierra-léonaises sont sorties dans la rue pour une série de manifestations dont le bilan a été terrible : plusieurs civils et des policiers sont morts, Bio a même dû décréter un couvre-feu.
Face à cette contestation de plus en plus forte, l’opposition s’est organisée en vue de l’élection présidentielle. Les leaders de quinze partis d’opposition ont en effet discuté avec l’idée d’investir un candidat unique pour le scrutin du 24 juin 2023. Mais les partis d’opposition n’ont pas encore réussi à s’entendre, et cela pourrait donc profiter à Julius Maada Bio. En cas de non-entente pour la création d’une grande coalition, nul doute que le chef de l’État sortant débutera, en milieu d’année, un second et dernier mandat