En juillet prochain, les Zimbabwéens voteront pour leur président. Après plus de quatre décennies à la tête du pays, la Zanu-PF ne semble pas prête à laisser le pouvoir à l’opposition.
Le Zimbabwe est l’un des derniers pays africains à être devenu indépendant. Le 18 avril 1980, au moment de l’Indépendance, Robert Mugabe prit la fonction de Premier ministre dans un régime qui était alors parlementaire. Sept ans plus tard, il modifia la Constitution de son pays et en fit un régime parlementaire pour accéder à la présidence. Un poste qu’il ne lâchera qu’après trente ans de règne — trente-sept ans en tout à la tête du pays.
Si Mugabe a été contraint de démissionner après que le Parlement a engagé une procédure de destitution à son encontre, l’hégémonie de la Zanu-PF (l’Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique), elle, n’a pas été ébranlée. Ou presque. Car en 2018, au moment de voter, les Zimbabwéens ont été partagés, et face à Nelson Chamisa, de la coalition MDC (Mouvement pour le changement démocratique) créée par le syndicaliste Morgan Tsvangirai, Emmerson Mnangagwa n’a obtenu que 50,8 % des suffrages.
Autant dire que pour le scrutin qui se dessine en juillet prochain, tout semble possible. Ce sont des élections générales qui auront lieu ce mois-là au Zimbabwe : une présidentielle, des législatives et des sénatoriales. L’enjeu est donc de taille.
L’opposant Nelson Chamisa peut-il y croire ?
D’un côté, Emmerson Mnangagwa tentera de confirmer qu’il est le favori. Celui qui a succédé à Mugabe a en effet été investi par la Zanu-PF. Le parti présidentiel ne semble pas prêt à un nouveau changement. Le duel de cette présidentielle de 2023 devrait donc rester inchangé. Car face à lui, le président sortant trouvera une nouvelle fois Nelson Chamisa. Si le nom de sa coalition a changé — il s’agit désormais de la CCC, pour Coalition citoyenne pour le changement —, l’ancien leader du MDC compte bien jouer une fois encore les trouble-fête.
Obligé de changer le nom de son parti, Nelson Chamisa a eu fort à faire : faire connaître son parti, lever des fonds et se préparer pour la campagne présidentielle à venir. Fort de ses 44 % de suffrages engrangés en 2018, Chamisa espère arriver à battre Mnangagwa. L’espoir est de mise : les dernières élections législatives et locales partielles ont permis à la CCC de se rendre compte de sa popularité.
Mais la présidentielle est une autre histoire : Nelson Chamisa sait qu’Emmerson Mnangagwa sera redoutable et que, même en cas de courte avance, il lui sera difficile de revendiquer la victoire tant la Zanu-PF a la main sur les institutions du pays.