Selon une enquête d’un média français, aux Comores, depuis le vote jusqu’au dépouillement, l’élection présidentielle a été manipulée par le président sortant, Azali Assoumani.
Alors président en exercice de l’Union africaine (UA), Azali Assoumani avait été réélu président des Comores le mois dernier, avec l’aval de l’UA. Une mission d’observation de l’organisation continentale avait en effet évoqué une élection sans « fraudes massives » et qui s’était « globalement déroulée de manière libre et transparente », dans un climat de « paix » et sans « incident majeur ». À croire que le scrutin n’avait connu aucun dysfonctionnement, malgré les protestations de l’opposition.
Un mois plus tard, tout porte à croire que le président comorien a manipulé sa propre élection. Dans une enquête fouillée, le journal Le Monde indique en effet, sur la base de documents et de témoignages, que de nombreuses fraudes ont eu lieu. Les plus de 57 % de suffrages avec lesquels Azali Assoumani a été réélu seraient loin d’être réels.
Le journal revient d’abord sur le taux de participation, annoncé initialement à 16,3 % pour être, de façon assez mystérieuse, réévalué à 56 %. De quoi légitimer un peu plus un Azali en mal de reconnaissance, lui qui n’a pas été félicité par l’Union européenne ou les Etats-Unis.
Mais ce qui fait surtout penser à une manipulation, ce sont les tripatouillages de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), qui a bricolé les listes des membres des bureaux de vote à sa guise. La plupart des personnes inscrites sur ces lites ne se sont pas rendues, le jour du scrutin, dans les bureaux de vote. La faute à un « oubli » de la CENI, qui n’a pas prévenu les membres désignés. Résultat : des remplaçants, choisis par le pouvoir en place, ont été désignés à la dernière minute.
Autre fait marquant lors du scrutin : les bourrages d’urnes, dénoncés le jour même du vote par l’opposition. Des pressions ont également été exercées par l’armée. Mais ce qui prouve une fois encore la tricherie, c’est la création, indique Le Monde, d’une « salle de dépouillement secrète ». Les bulletins ont été centralisés dans un centre auquel les membres des commissions électorales ont été empêchés d’accéder.
« Un soi-disant informaticien a été dépêché de la CENI depuis Moroni, il a pris son quartier général dans le bureau du président de la commission insulaire. Durant trois jours, aucune personne n’a été autorisée à entrer dans le bureau du président », indiquent d’ailleurs des commissaires. Pendant plusieurs heures, dans cette salle secrète, des personnes recrutées par la présidence ont tout mis en œuvre pour publier des résultats taillées sur mesure pour Azali.