En dépit de la naissance d’une coalition de 15 partis d’opposition, Idriss Déby devrait, dans deux mois, être réélu président du Tchad.
Le 11 avril prochain, les Tchadiens voteront pour leur président. A deux mois du scrutin, la candidature du maréchal Idriss Déby ne fait aucun doute. Le très autoritaire président du Tchad va postuler pour un sixième mandat. Après plus de trente ans au pouvoir, Déby promet, en cas de réélection, une refonte de la Constitution de son pays. Parmi ses propositions, la limitation à deux du nombre de mandats. Mais déjà, au sein de la population, des voix s’élèvent contre la candidature du maréchal, qui s’était arrangé avec les textes en 2005 pour faire sauter la limitation du nombre de mandats.
Des opposants arrêtés par la police
Et ce n’est pas le semblant d’élan démocratique d’Idriss Déby qui va faire taire les critiques. D’autant que le régime réprime durement l’opposition… Le 6 février dernier, des adversaires de Déby ont manifesté contre la candidature du président tchadien, réclamant plus de « justice sociale » et l’alternance. Sous couvert d’interdiction de manifester, la police a arrêté une quinzaine d’opposants. Parmi eux, le secrétaire général de la Convention Tchadienne de Défense des Droits Humains (CTDDH) Mahamat Nour Ahmed Ibedou.
Quelques jours plus tôt, une trentaine de personnes avaient déjà arrêtées pour leur participation à une réunion de préparation d’une marche.
Face à la répression, l’opposition se met en ordre de marche. Quinze partis ont en effet décidé de s’allier pour barrer la route à Idriss Déby. La coalition devrait présenter un candidat unique le 11 avril prochain. Théophile Bebzoune Bongoro est l’homme de la situation. Fondateur du Parti pour le Rassemblement et l’Equité au Tchad (PRET), celui qui n’a encore jamais participé à aucune élection a été choisi à la majorité par les responsables de l’opposition.
Une opposition pas si unie que cela
Une réponse rapide à la décision du Mouvement Patriotique du Salut (MPS), le parti au pouvoir, qui a investi, sans surprise, Idriss Déby. Si Théophile Bebzoune Bongoro bénéficiera du soutien de quinze partis, il sera contraint de faire avec un autre adversaire : Romadoumngar Nialbé Félix représentera en effet l’Union pour le renouveau et la démocratie (URD), le principal parti d’opposition, lors du scrutin présidentiel, tandis que le mouvement de Laokein Kourayo Medar et Les Transformateurs ont annoncé qu’ils ne rejoindraient pas la coalition. Ainsi, malgré une tentative d’union, les divisions de l’opposition devraient conforter Idriss Déby à son poste.