Les militaires au pouvoir au Gabon ont reçu les membres d’Alternance 2023. L’opposition ne sait pas encore à quel moment elle sera intégrée à la transition.
C’était un point d’achoppement prévisible, entre la plateforme d’opposition Alternance 2023 et les militaires qui ont pris le pouvoir à Ali Bongo Ondimba, au Gabon. A priori largement en tête dans les urnes, le candidat de la coalition, Albert Ondo Ossa, s’attendait à être promu président de la République après le coup d’État. Mais dès leur arrivée au pouvoir, les membres du tout nouveau Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) avaient indiqué que « les élections générales du 26 août 2023 ainsi que les résultats tronqués sont annulés ».
Dès lors, les généraux se sont réunis pour tenter de dessiner les contours de ce que serait la transition. Avec un nouveau homme fort : le général Brice Clotaire Oligui Nguema, le chef de la Garde républicaine, ex-allié des Bongo, père et fils. En annulant les résultats des élections, le militaire a mis fin aux ambitions d’Albert Ondo Ossa.
La junte a cependant accepté d’ouvrir un canal de dialogue avec Alternance 2023, dont les membres ont été reçus dans le Palais du bord de mer de Libreville. Pour les opposants, il s’agissait de demander aux militaires de poursuivre le décompte des résultats de la présidentielle. Ce que les militaires refusent, pour le moment.
Des points d’accord sur les droits humains
En effet, pour le général Nguema, l’annulation des élections est notamment due à la mauvaise organisation du scrutin. Et même si Ali Bongo s’était taillé un scrutin sur mesure, pas question de recompter les voix.
Malgré tout, pendant plusieurs heures, les militaires et les membres de l’opposition ont discuté. L’opposition affirmé avoir œuvré pour « un climat d’apaisement, la libération de tous les détenus qui ont été arrêtés ces jours derniers » et le retour « de tous les exilés gabonais qui sont à l’étranger et qui doivent rentrer au pays ».
Sur le fond, le général Nguema semble d’accord. Mais sur une éventuelle collaboration entre Alternance 2023 et la junte, rien n’a été arrêté. « Nous sommes particulièrement ouverts. Nous, nous sommes des civils, nous voulons pratiquer la démocratie. Les militaires ont ressenti que cette démocratie était mise à mal, ils ont pris le pouvoir, ils promettent de restituer le pouvoir aux civils après l’avoir toiletté, donc ils sont d’accord », résume l’opposition à Ali Bongo.
Reste désormais à attendre. Quel sera le sort réservé à Albert Ondo Ossa ? Ce dernier n’a pas rencontré le général mais est prêt à discuter avec lui. La junte, elle, se prépare à présider le pays pour une durée encore indéterminée. Choisira-t-elle un Premier ministre, ensuite, issu de la plateforme ? Le pouvoir sera-t-il partagé entre militaires et civils ? Autant de questions qui n’ont, pour le moment, trouvé aucune réponse.