En Afrique du Sud, les militants écologiques somment leur gouvernement de ne pas accorder de licence de production de deux blocs gaziers au large des côtes à Total.
Après l’Ouganda, l’Afrique du Sud. Une nouvelle fois, le pétrolier français Total doit faire face à la colère des populations locales après avoir annoncé avoir demandé la licence de production de deux blocs gaziers au large de la côte sud-africaine. Après les remous provoqués par le projet de Pipeline de pétrole brut d’Afrique de l’Est (EACOP), qui avaient provoqué une vive opposition de la part de la société civile ougandaise, TotalEnergies doit désormais gérer la contestation sud-africaine.
L’investissement de Total dans ce projet devrait s’élever à 3 milliards de dollars. Plusieurs associations environnementales occidentales, comme Bloom, ont déjà élevé la voix face à Total. En Afrique du Sud, les spécialistes du monde marin sont également sur le pont. Plusieurs militants sud-africains se sont déplacés en Europe il y a une semaine pour tenter de faire plier la major.
Liziwe McDaid, lauréate du prix Goldman, également responsable stratégique de l’organisation sud-africaine Green Connection, estime que le projet de Total « signifierait des puits et potentiellement des fuites. Aujourd’hui, si nous nous y opposons tous, nous croyons que nous pouvons arrêter Total ». Pour ce faire, les militants veulent se « battre sur les autorisations environnementales » qui seront, ou non, accordées à la multinationale.
Sauf que l’État sud-africain est aujourd’hui plutôt du côté de Total. Avec une production électrique locale qui dépend essentiellement du charbon, le gouvernement se verrait bien diversifier l’approvisionnement en énergie.
Lutte environnementale vs. développement ?
« Notre transition sera durable si nous accédons au pétrole et au gaz qui se trouvent sur nos côtes. Personne ne se plaint lorsque nous importons du gaz du Mozambique mais lorsque nous annonçons que Shell, par exemple, mène des activités, tout le monde fait des bonds », déplore Gwede Mantashe, le ministre de l’Énergie.
Ce dernier se dit cependant prêt à écouter les militants, à certaines conditions. « Je dois travailler avec les écologistes, mais ce à quoi je résiste, c’est à la déstabilisation, au fait que nous ne puissions pas penser au développement. Nous sommes une économie en développement et nous avons un long chemin à parcourir ».
Le combat s’annonce donc difficile pour les militants écologistes, face à un gouvernement qui compte beaucoup sur l’investissement de Total. Le géant français est bien malmené en ce moment sur le continent. En mars 2021, alors que le méga projet d’oléoduc dans l’Est africain débutait, Total était accusé par une ONG d’être à l’origine d’une future catastrophe environnementale et humanitaire.
Reclaim Finance a en effet publié un rapport intitulé « Total fait du sale : la Finance complice ? », dans lequel elle expliquait que, « malgré son narratif de groupe multiénergies orientés vers le GNL (gaz naturel liquéfié) et la production d’électricité à partir de renouvelables et de gaz, Total SE demeure à l’heure actuelle une entreprise pétrolière déterminée à profiter des dernières réserves de pétrole conventionnel ». Et forcément, l’Afrique est la cible privilégiée de la multinationale.