Accusé de corruption et de détournement de fonds, entre autres, l’ancien président de l’Afrique du Sud, Jacob Zuma a fini par exaspérer le juge Raymond Zondo. Il a écopé de 15 mois de prison ferme pour outrage, ce mardi 29 juin.
Après une longue bataille judiciaire, et avant que la commission d’enquête ne puisse trancher sur le fond de son affaire, Jacob Zuma a été condamné à 15 mois d’emprisonnement. Accusé par le juge Raymond Zondo, président de la commission judiciaire d’outrage, Zuma avait refusé de se présenter au tribunal.
L’ancien président est accusé de corruption, de fraude, de blanchiment d’argent et de détournement de fonds. La longue liste de charges a impliqué de nombreuses entreprises. Notamment, la société française Thalès, ainsi que les présidents français Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy. Ainsi que le groupe indien Bosasa des frères Gupta.
La Commission judiciaire a étendu son champ d’action au parlement. Où les responsables du parti de Zuma, l’historique Congrès national africain (ANC), ont été interrogés à tour de rôle. Le dernier en date était l’actuel président Cyril Ramaphosa. Ce dernier n’a pas nié les allégations à l’encontre de l’ANC. Il a prôné que les péchés de son prédécesseur ne lui incombaient pas.
Jacob Zuma et l’ANC, Une histoire entachée par le scandale
Toutefois, le principal accusé, Jacob Zuma, a refusé de comparaitre devant la Commission parlementaire en 2019, en 2020 et en février 2021. Il a aussi esquivé la convocation du juge en février. L’absence de Zuma lui a valu les foudres du juge Zondo, que l’ancien président accuse d’acharnement. Ses multiples discours ont aussi causé une crise politique au sein de Parlement, qui avait atteint la paralysie politique totale en mars.
Les procureurs de la commission d’enquête ont donc approché la Cour constitutionnelle. Au début, la cour a ordonné à Zuma de comparaitre à une session en mai. La deuxième absence a provoqué une ordonnance d’arrestation de Jacob Zuma. Aujourd’hui, la Cour constitutionnelle s’est alors prononcée sur les charges d’outrage au tribunal. Et Zuma a été condamné à 15 mois d’emprisonnement.
Le juge de la Cour constitutionnelle a déclaré : « Monsieur Jacob Gedleyihlekisa Zuma doit se livrer à la police dans les cinq jours ». Un porte-parole de Zuma a affirmé que l’ancien président publiera une déclaration plus tard dans la journée, sans plus.
L’ANC est divisé depuis le début de la procédure judiciaire en 2018. Si certains sont fidèles à l’actuel président, Cyril Ramaphosa. D’autres plaident encore la machination politique à l’encontre de Zuma. Le parti historique sud-africain, qui a mené la lutte contre l’apartheid sous Nelson Mandela, subit beaucoup de critiques aujourd’hui. Si Ramaphosa essaye tant bien que mal de rétablir la réputation de l’ANC. Une éventuelle mise aux fers de Zuma, et son éventuelle condamnation pour les crimes dont il est accusé, seraient deux coups durs pour le parti.