Près d’un mois après le cessez-le-feu signé en Afrique du Sud, Abiy Ahmed tente de redorer son image auprès de la communauté internationale.
Il est loin le prix Nobel de la Paix d’Abiy Ahmed. En décembre 2019, le Premier ministre éthiopien recevait la prestigieuse récompense à Oslo, « pour ses efforts en vue d’arriver à la paix et en faveur de la coopération internationale, en particulier pour son initiative déterminante visant à résoudre le conflit frontalier avec l’Érythrée ». À l’époque, ce prix ne souffrait d’aucune contestation dans les hautes sphères du comité Nobel.
Pourtant, certaines ONG avaient déjà mis en garde la communauté internationale quant aux manquements d’Ahmed en matière de libertés. Ainsi Reporters sans frontières déplorait le manque de liberté des journalistes. Quant à Amnesty International, l’ONG assurait que le travail du Premier ministre éthiopien était « loin d’être achevé » et qu’Abiy Ahmed devait « veiller de toute urgence à ce que son gouvernement s’attaque aux tensions ethniques persistantes qui menacent l’instabilité et de nouvelles violations des droits de l’homme ».
Les événements ont donné raison à Amnesty International, qui avait presque anticipé les événements dans le Tigré. Awol Allo, professeur de droit à l’université de Keele, affirme qu’Abiy Ahmed « a exclu tous les membres du Front populaire de libération du Tigré (TPLF) du cabinet. Il a ensuite reporté les élections. Le TPLF a alors organisé des élections au Tigré. Ils ont affirmé ne pas le reconnaître. Il a en retour affirmé qu’il ne les reconnaissait pas, et c’est ce qui a conduit à la guerre ». Une guerre que n’a cessé d’alimenter le Premier ministre éthiopien.
Des entretiens avec ses ex-partenaires
Depuis, le prix Nobel de la Paix 2019 est devenu un paria pour la communauté internationale. Les États-Unis, par exemple, ont sanctionné, en mai 2021, l’Éthiopie. Petit à petit, le dirigeant a perdu la plupart de ses alliés, malgré une tentative de discussions avec la Russie. Outre Washington, l’Europe s’est rangée du côté du Soudan et de l’Égypte, tous deux en froid avec Abiy Ahmed.
Mais l’accord de cessez-le-feu, qui a été signé le 2 novembre en Afrique du Sud, doit permettre à Abiy Ahmed de tenter de renouer des liens avec ses anciens partenaires occidentaux. La diplomatie éthiopienne a profité de cet accord pour relancer ses relations avec les capitales européennes et les États-Unis.
Abiy Ahmed a en effet multiplié les rencontres avec des dirigeants occidentaux, dont le secrétaire d’État américain Antony Blinken. Le Premier ministre éthiopien s’est également entretenu avec son homologue israélien, Netanyahu. Mais le point d’orgue de cette opération rachat reste l’entretien de lundi avec le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres.
Tous les anciens partenaires d’Abiy Ahmed attendent que le Premier ministre éthiopien tienne ses promesses. Même lui sait que ce sera difficile : « Maintenant, nous devons tenir parole, explique-t-il, et travailler dur pour éviter les problèmes ». En filigrane de ses déclarations, Ahmed a prévenu que le cessez-le-feu ne règlerait pas les désaccords territoriaux autour du Tigré.