Alors qu’il a annoncé sa candidature à la présidentielle ivoirienne, on apprend qu’Ahoua Don Mello a proposé à plusieurs reprises à Laurent Gbagbo d’établir une stratégie politique gagnante.
« Les membres de la commission que tu m’as demandé de rencontrer n’ont qu’une seule préoccupation : t’accompagner dans ton humiliation ainsi que celle du peuple sans stratégie de prise de pouvoir ». Dans un courrier daté du 23 juillet dernier et qui a fuité sur les réseaux sociaux, Ahoua Don Mello, qui a annoncé sa candidature à la présidentielle ivoirienne qui aura lieu en fin d’année, prévient le patron du Parti des peuples africains de Côte d’Ivoire (PPA-CI), Laurent Gbagbo, que son parti est gangréné par les luttes intestines. Don Mello rappelle que, avant la convention de 2024 qui a approuvé la candidature à la présidence de la République de Laurent Gbagbo — depuis déclaré inéligible —, le président du PPA-CI a « initié une séance de discussions avec Assoa Adou, Danon Djédjé et [Ahoua Don Mello] sur la stratégie pour les élections de 2025 ». À l’époque, écrit-il, « trois options avaient été identifiées », parmi lesquelles celle d’une candidature alternative en cas d’absence du nom de Gbagbo sur les listes électorales.
Problème : « La discussion n’a pas eu lieu et l’affichage de la liste définitive sans ton nom début juin nous oblige à ouvrir le débat ». Don Mello aurait alors lancé une « première tentative » de débat le 29 Juin 2025, sans succès. La faute notamment à Danon Djédjé, qui « a opposé une fin de non-recevoir » et lancé un communiqué dans les médias pour clore le débat. Et le hasard a fait qu’Ahoua Don Mello a été la cible de critiques après la fuite d’un mémo daté du 11 juillet dans lequel il appelait à préparer la riposte, en désignant deux ou trois autres candidats afin de parer à l’éventualité d’une interdiction de candidature définitive de Laurent Gbagbo. « La question est : pourquoi autour de Laurent Gbagbo, la proposition de débat lancée par Don Mello a été bloquée, alors que l’on sait pertinemment que Gbagbo ne pourra certainement pas concourir lors de la présidentielle ? », demande un proche du parti, sous couvert d’anonymat.
Surtout que, dans le même temps, le courrier de Don Mello appelant les cadres du parti à débattre a été bien camouflé. De son côté, l’ancien ministre de Laurent Gbagbo est resté discret. Cependant, il a pu observer qu’en coulisses Gbagbo était de plus en plus isolé, voire manipulé. L’ex-président, dit-il, est « pris en otage » par des cadres qui tente d’éloigner l’ancien pensionnaire du palais présidentiel. Don Mello, qui a été exclu de l’organigramme du parti, proposait pourtant de s’assoir autour d’une table pour discuter des options en vue de la présidentielle. Ahoua Don Mello estimait également qu’il fallait que le parti se mette en ordre de marche pour les législatives. L’inertie au sein du PPA-CI semble cependant avoir gagné : sans stratégie, l’influence du parti pourrait bien en pâtir et, surtout, les manœuvres pour tuer politiquement Gbagbo sont en train de réussir. Don Mello, lui, est bel et bien passé à l’action.