À Paris, une somme de plus d’un milliard d’euros a été annoncée pour accélérer la production de vaccins en Afrique et éradiquer définitivement le choléra.
Le Forum mondial pour la souveraineté et l’innovation vaccinales a introduit un nouveau système financier visant à promouvoir le développement d’un marché de produits médicaux originaire d’Afrique.
Lors du Forum mondial pour la souveraineté et l’innovation vaccinales, organisé par l’Union africaine (UA) et GAVI, l’Alliance du vaccin, le président français Emmanuel Macron a exprimé son souhait de mettre fin à l’épidémie de choléra en Afrique. Actuellement, vingt-trois pays africains et le département français de Mayotte sont touchés par cette maladie et la pénurie de vaccins rend difficile la riposte depuis près de deux ans. Dans ce contexte, la France a annoncé qu’elle soutiendrait prioritairement le laboratoire sud-africain Biovac en investissant 10 millions d’euros dans l’ouverture d’une chaîne de production dédiée au vaccin qui sera opérationnelle dans les deux prochaines années.
Le président français a qualifié cette action de “preuve concrète du soutien” de la France à l’effort du continent pour accélérer la création d’un marché des vaccins en Afrique. Cela prend une importance particulière car le sérum anticholérique n’est plus produit que par un seul fabricant dans le monde, la société sud-coréenne EuBiologics, qui devra augmenter ses stocks d’un tiers en 2024 et 2025.
Les dirigeants du Sénégal, du Rwanda, du Ghana et du Botswana se sont réunis lors d’un sommet en compagnie de vingt-cinq ministres de la santé en Afrique, ainsi qu’en Asie et au Moyen-Orient. L’objectif officiel était de lancer un nouveau mécanisme financier appelé AVMA (Accélérateur de fabrication de vaccins en Afrique) qui vise à lever 1,2 milliard de dollars (1,12 milliard d’euros) pour soutenir les fabricants sur le continent et encourager d’autres à s’y installer.
Forte disparité
Selon l’Élysée, l’Union européenne, dirigée principalement par la France, l’Allemagne et l’Italie, a contribué aux trois quarts de cette somme. Les États-Unis, le Canada, la Norvège, le Japon et la fondation Bill & Melinda Gates ont également apporté leur contribution. Des représentants de l’Organisation mondiale de la santé ainsi que d’autres organisations internationales, des entreprises pharmaceutiques et des instituts de recherche étaient également présents lors de cet événement organisé par le ministère des Affaires étrangères.
Le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a rappelé que l’objectif de l’UA est de produire 60% des vaccins consommés par les 54 pays du continent d’ici 2040, alors qu’ils en importent actuellement près de 99% à des coûts élevés. Selon lui, cette initiative est cruciale pour sauver des vies mais aussi pour stimuler l’industrie pharmaceutique et encourager la collaboration entre les États africains.
Jean Kaseya, directeur général de l’agence de santé publique africaine CDC, a célébré un grand jour pour l’Afrique avec le lancement de l’AVMA. Selon lui, il s’agit du début d’une vision qui s’étendra au-delà des vaccins pour inclure les médicaments et les tests de diagnostic. La pandémie de Covid-19 et les failles du mécanisme international Covax ont mené à une inégalité croissante dans l’accès aux vaccins ainsi qu’aux produits de santé tels que les tests et l’oxygène médical.
En s’engageant à soutenir le marché africain dans la fabrication de ses propres vaccins, les ministres de la santé du continent ont donné aux gouvernements l’opportunité de déterminer leurs propres priorités tout en bénéficiant d’économies d’échelle. Ils reçoivent également le soutien de GAVI, une organisation mondiale créée en 2000 pour aider les pays à faibles revenus à prendre davantage en charge le coût de leur programme de vaccination interne avant d’atteindre une totale autonomie.
Assurer la qualité des remèdes médicaux
Lors du Forum de Paris, l’organisation humanitaire internationale a lancé un appel à la reconstitution de ses ressources pour atteindre un montant total de 9 milliards de dollars. Selon Sania Nishtar, directrice de GAVI (l’Alliance mondiale pour les vaccins), des promesses de dons d’une valeur de 2,4 milliards de dollars ont déjà été faites, ce qui est très encourageant. Elle a également souligné l’importance d’atteindre les objectifs de développement durable des Nations Unies d’ici 2030 et a noté que GAVI avait réussi à vacciner 1 milliard d’enfants en 20 ans et prévoyait d’en vacciner autant en seulement la moitié du temps.
Les discussions ont également porté sur la nécessité de renforcer et d’harmoniser les règlements dans les environnements réglementaires des dix pays africains qui produisent déjà pour répondre aux normes internationales de qualité. À cet égard, le gouvernement français a annoncé un accord de “jumelage” entre l’Agence européenne des médicaments et celle du Rwanda, qui a accueilli en mars le premier laboratoire mobile à ARN messager de BioNTech d’Allemagne.
Selon Jean Kaseya, l’AVMA (Agence africaine des médicaments) pourra désormais compter sur la collaboration de six pays qui ont déjà obtenu le niveau 3 de classification de l’OMS en matière de réglementation pharmaceutique. Ces pays sont l’Egypte, le Ghana, le Nigeria, la Tanzanie, l’Afrique du Sud et plus récemment le Zimbabwe. Cette collaboration vise à garantir la qualité des médicaments entrant ou circulant sur le continent africain. L’objectif est également de continuer à progresser dans ces certifications afin que l’Afrique puisse un jour exporter ses propres médicaments. La future Agence du médicament de l’Union Africaine, basée à Kigali et qui devrait bientôt être opérationnelle, pourra bénéficier de ce travail collaboratif.