Ce mardi s’est ouvert à Libreville le Dialogue national, lancé en grande pompe par Clotaire Oligui Nguema, le président de la Transition gabonaise. Au menu, un mois de discussions et de négociations.
C’est l’une des images fortes de l’ouverture du Dialogue national qui vient de s’ouvrir au Gabon : lors de la cérémonie d’ouverture, plusieurs opposants connus, pourtant écartés de ce dialogue, ont été invités à participer à l’inauguration. L’autre symbole assez cocasse pour un événement national, c’est la présence aux côtés de Clotaire Oligui Nguema, le président de la Transition gabonaise, de Faustin-Archange Touadéra, le président centrafricain, qui a en effet été convié à la cérémonie d’ouverture. Le Centrafricain a été très actif pour que la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) lève les sanctions contre le Gabon.
Le Dialogue national était attendu, depuis le coup d’Etat contre Ali Bongo. Et il doit permettre de rédiger et voter des textes de loi pour sortir de la transition, en 2025. Mais, promet le pouvoir en place, si « le présent dialogue abordera également des sujets liés à la politique », il ne sera pas partisan. Le Dialogue national « ne saura ni être politicien, ni politicard au sens des luttes partisanes pour la conservation, pour la conquête du pouvoir. Il s’agit plutôt d’un échange politique au sens le plus noble du mot, c’est-a-dire la résolution des problèmes de la collectivité par la discussion », assure Clotaire Oligui Nguema.
Cependant, il sera forcément question d’un détail qui n’en est pas un : la possibilité — ou non — pour Clotaire Oligui Nguema de se présenter lors de la prochaine élection présidentielle. Les participants au dialogue ont un mois pour se mettre d’accord sur cette question et sur tant d’autres. Si Oligui Nguema a promis qu’il rendrait le pouvoir aux civils au terme de la transition, l’opposition s’attend déjà à ce que cela change. « Si, pendant les assises, il est décidé que le général Oligui Nguema sera présent à ces élections, cela n’engage plus le général Oligui Nguema. C’est le dialogue qui l’autorise à se présenter », affirme Marc Ona Essangui, principale figure de la société civile gabonaise, à RFI.
Au terme du Dialogue national, un référendum sera organisé. Mais déjà, on se rend compte que l’économie et le social intéressent peu les participants qui souhaitent se placer dans des commissions purement politiques. Or, le pouvoir en place aurait aimé que le mois qui arrive soit consacré à toutes les questions d’ordre général, là où l’opposition notamment préfère préparer le terrain à l’après-Ali Bongo.
Reste enfin la question cruciale : ce Dialogue national sera-t-il vraiment utile ? On le sait, dans la plupart des pays, les dialogues nationaux constituent des échecs, au pire, et au mieux ne font pas réellement avancer les choses. Ils sont souvent, pour les pouvoirs en place, une manière de « jouer la montre ». « Le risque n’est pas à exclure que ce dialogue accouche d’une souris. On peut aussi arriver à des recommandations comme dans le passé et que le pouvoir en place puisse choisir ce qui l’arrange et refuser ce qui ne l’arrange pas », résume ainsi RFI.