Les élections législatives et régionales auront lieu le 20 avril, soit quatre mois après la date limite. L’opposition et la société civile déplorent le manque de légitimité du gouvernement à organiser ces scrutins.
Au Togo, le président a décidé de reporter d’une semaine les élections législatives et régionales, prévues désormais pour le 20 avril, avec le début de la campagne électorale fixé au 4 avril, malgré l’expiration du mandat des députés à la fin de 2023. À l’époque, l’opposition togolaise avait vivement critiqué le report des élections législatives et régionales, faisant part de son inquiétude face à un possible vide institutionnel et réclamant des mesures concrètes pour assurer un processus électoral transparent et équitable.
La décision du pouvoir en place a également suscité des réactions de la part de douze organisations de la société civile togolaise, qui dénoncent un « processus démocratique inachevé » et estiment que le vide institutionnel et juridique provoqué par ce report pose problème. Elles estiment que le gouvernement actuel manque de légitimité pour organiser ces élections, puisque l’Assemblée nationale n’a pas été renouvelée comme le prévoyait le calendrier électoral.
Dans une déclaration conjointe, ces organisations expriment leur préoccupation quant au climat politique tendu au Togo, caractérisé par le non-renouvellement de l’Assemblée nationale et par une atmosphère de méfiance envers le processus électoral. Monzolouwè Atcholi Kao, président de l’Association des victimes de la torture au Togo, l’une des signataires de la déclaration, critique ouvertement le gouvernement, accusé de chercher à maintenir un « Parlement mécanique » en organisant des élections dans un contexte de désordre absolu.
Boycott ou participation de l’opposition ?
Reste à savoir comment réagira l’opposition, qui évoque la possibilité de boycotter le scrutin. Mais pour les organisations de la société civile, il faut que les partis d’opposition participent aux élections à venir. Elles soulignent que le boycott ne contribuerait pas au développement du pays et ne serait pas conforme aux valeurs démocratiques revendiquées par l’État togolais. Au lieu de cela, elles encouragent les partis d’opposition à participer au processus électoral, même dans des circonstances imparfaites, afin de promouvoir la démocratie et de faire entendre leur voix dans les institutions politiques du pays.
Avant de passer au vote, l’opposition aimerait cependant que le processus électoral soit revu. Fin 2023, Brigitte Kafui Adjamagbo-Johnson, seule femme à s’être présentée à une élection présidentielle au Togo en 2010, insistait sur la nécessité de renouveler la Commission électorale nationale indépendante (CENI), dont le mandat a expiré en mars 2023, ainsi que de procéder à un nouveau découpage électoral pour garantir une représentation équitable des populations.
En théorie, selon la Constitution togolaise, les élections législatives doivent avoir lieu dans les 30 jours suivant la fin du mandat de l’Assemblée nationale, soit fin décembre dernier. Le président Faure Gnassingbé avait initialement promis que les élections se dérouleraient en décembre 2023.