En reportant la présidentielle à une date non précisée, Macky Sall va rester président de la République du Sénégal. Malgré la grogne, qui monte ?
Est-il la solution ou le problème ? Depuis l’annonce du report de la présidentielle sénégalaise, Macky Sall est au cœur des débats. Car qui dit report du scrutin dit prolongation du mandat de Macky Sall. Et cela va poser des questions constitutionnelles. Un expert en droit sénégalais affirme qu’« il n’y a aucune base juridique à l’abrogation de l’élection » et que, par conséquent, « la Constitution ne permet au président de prolonger son mandat ». Si la tension est palpable en ce début février, elle devrait s’accroître et, fin février, se posera alors la question de la légitimité de Macky Sall.
Mais au-delà du simple aspect légal, il y a la question de la capacité de Macky Sall à tenir. Et de ce côté-là, assurent des personnes ayant gravité dans son entourage, le président sénégalais pourrait bien serrer la vis. Le pouvoir en place a déjà suspendu le signal de la télévision privée Walf TV. Au plus fort des manifestations contre le pouvoir, ce dernier avait également coupé les connexions à internet.
« C’est Charles Pasqua (ministre français de l’Intérieur dans les années 1980 et 1990, ndlr) », résume un ancien proche du président sénégalais. Macky Sall a en effet été ministre de l’Intérieur en 2003 et 2004. Mais cette comparaison est surtout une façon de dire que le chef de l’Etat sénégalais ne lâche jamais et est capable d’encaisser les vagues de contestation.
Si Macky Sall veut rester, il devra tenir face aux contestations venues de l’intérieur, et qui seront forcément alimentées par les Pastef d’Ousmane Sonko. Mais également celles de la communauté internationale. Hors, le président a un exemple, à quelques milliers de kilomètres de là, qui peut le rendre optimiste : en Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, qui se présentait pour un troisième mandat illégal, avait réussi à tenir le cap malgré la désapprobation d’Emmanuel Macron. Et aujourd’hui, plus personne ne conteste son mandat actuel, Ouattara envisageant même de se représenter en 2025.
Reste désormais à savoir, sur la durée, comment le président résistera. Car, à en croire les sources proches du parti au pouvoir, c’est toute la stratégie qui sera à revoir. Annoncé perdant, le Premier ministre sénégalais Amadou Ba, candidat à la présidentielle, ne fait pas consensus. Si Macky Sall veut tenir, puis partir sans soucis, il va devoir envisager une autre candidature. Et espérer que, d’ici là, le pays ne s’enflamme pas.