Au Gabon, au terme du scrutin de samedi, Ali Bongo semble en retard sur son opposant Albert Ondo Ossa. Mais le président gabonais aura du mal à reconnaître une éventuelle défaite.
L’opposition gabonaise semble avoir retenu les leçons de l’élection présidentielle de 2016. Alors que les Gabonais étaient, samedi, invités à se rendre aux urnes, le pouvoir en place prend bien du temps à comptabiliser les résultats. Ou plutôt à tenter de trouver comment déclarer Ali Bongo Ondimba vainqueur sans que cela apparaisse comme une fraude massive. Car avec 800 000 bulletins, tout au plus, à compiler, le dépouillement aurait déjà dû être terminé dimanche soir.
Bongo n’a toujours pas trouvé la formule la moins débile pour justifier son coup d’Etat institutionnel. Ça va faire 72 heures bientôt pour faire le décompte de moins de 800 mille voix.
Il y a 1220 Sénégalais qui n’ont rien à faire de leurs journées et qui pourraient aider le… pic.twitter.com/5vfdZ0mMmz
— Ayoba FAYE (@autruicomoi) August 28, 2023
Mais le Centre gabonais des élections (CGE) prend beaucoup de temps. Trop de temps. Et, déjà, plusieurs observateurs de l’opposition dénoncent d’étonnants mouvement, comme dans le Haut-Ogooué, qui avait fait basculer l’élection en 2016 — à l’époque, le taux de participation annoncé frôlait les 100 % et Ali Bongo avait officiellement obtenu 95 % des suffrages —, où les travaux de centralisation des résultats ont été stoppés et les procès-verbaux envoyés par avion directement à Libreville.
Ces mouvements qui laissent à penser à une nouvelle fraude massive se déroulent dans le « black-out » le plus total : depuis samedi, la connexion à internet est coupée dans le pays, les communications difficiles et les journalistes étrangers n’ont pas pu observer le déroulement du scrutin.
De son côté, l’opposition a mis en place son propre système de compilation des résultats. Petit à petit, les procès-verbaux sont envoyés dans le quartier général d’Alternance 2023, la principale plateforme d’opposition, qui a désigné un « candidat du consensus », Albert Ondo Ossa. Et les premières tendances sont assez nettes, si bien qu’Albert Ondo Ossa a déjà annoncé à demi-mots sa victoire et demandé à Ali Bongo de lui céder le pouvoir de façon « pacifique ».
Reste que c’est le CGE qui pourrait mettre le feu au poudre. Le Centre gabonais des élections devrait déclarer le président sortant vainqueur. Et s’en prendre aux opposants, puisqu’il a déjà annoncé que des « membres d’une bande ayant pour objectif de semer le chaos dès la proclamation des résultats » avaient été arrêtés.