S’il n’est pas encore officiellement candidat, le docteur Denis Mukwege a dénoncé les risques de fraudes en vue de la présidentielle congolaise, prévue fin décembre.
Alors qu’il envisage de se présenter à la prochaine présidentielle, le docteur congolais Denis Mukwege, prix Nobel de la paix 2018, a déjà rencontré Emmanuel Macron lors de la visite du président français en RDC. Officiellement, avait indiqué l’Élysée, la rencontre avait pour objectif d’« avoir le ressenti le plus précis et le plus authentique de la situation humanitaire sur place ». Mais en réalité, il s’agissait bien de discuter d’une éventuelle candidature à la présidentielle.
Le médecin « qui répare les femmes » dit donc, en coulisse, qu’il se verrait bien postuler pour devenir président. Mais il n’a pas encore annoncé officiellement sa candidature. Cependant, Mukwege s’est adressé aux jeunes Congolais à Bukavu, dans le Sud-Kivu, hier. Un discours à la fois évasif, puisqu’il n’a pas parlé de son cas personnel, et qui montre qu’il faudra compter sur lui en décembre, si les élections ne sont pas reportées.
C’est entre les murs de la Fondation Panzi que le docteur a parlé. Et s’il faut le placer sur l’échiquier politique, c’est désormais clair que Denis Mukwege fera partie de l’opposition. Son discours de ce dimanche a en effet été une critique acerbe du système électoral actuel. Le médecin s’est notamment étonné de la mauvaise qualité des cartes d’électeurs, qui s’effacent. « Quand on a des irrégularités de ce type, et que nous ne sommes pas capables de nous indigner pour dire que la voie qui nous permet de faire notre choix est déjà biaisée, qu’est-ce que nous pouvons espérer ? », a-t-il demandé.
Un discours qui sonne comme un appel à la révolte : « Je pense qu’aujourd’hui, la grande indignation serait que tous ceux qui ont leurs cartes d’électeurs effacées manifestent pour dire : ‘Si vous avez payé des mauvaises cartes d’électeurs vous devez assumer la responsabilité’. Mais si nous nous taisons et nous allons aux élections qui étaient préparées pour être fraudées, je dois vous dire : ‘Lisez l’histoire du Congo et vous verrez que, depuis 1885 à ce jour, les Congolais n’ont jamais choisi leurs dirigeants ».
S’il est candidat, Mukwege sera donc un adversaire offensif et véhément. S’il ne l’est pas, il soutiendra très certainement l’opposition à Félix Tshisekedi. Mais ses partisans, eux, attendent surtout un acte fort : une annonce de candidature.