Alors que Mohamed Bazoum a été renversé, les relations entre la France et le Niger pourraient s’envenimer. Paris compte de moins en moins d’alliés dans la région.
Le 30 mai dernier, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, et la ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, recevaient à Paris leurs homologues djiboutiens. Il s’agissait alors, selon les mots du gouvernement français, d’« une réunion pour lancer la revue du Traité de coopération en matière de Défense (TCMD) entre la République de Djibouti et la France ».
Ce traité, signé en 1984, permet notamment à la France de pouvoir stationner, sur sa base militaire française de Djibouti, 1 500 militaires. En 2024, les deux pays poursuivront certainement leur coopération. Mais la situation actuelle au Niger met Paris en position de faiblesse.
Car la France a besoin d’alliés dans le Sahel, surtout depuis les coups d’État au Burkina Faso et au Mali. Paris peut encore compter sur le Tchad, un partenaire de longue date, où est localisée la base aérienne de Fort-Lamy. Mais jusqu’à aujourd’hui, la France pouvait compter sur le Niger. Son président, Mohamed Bazoum, avait été omniprésent aux côtés d’Emmanuel Macron au moment de rediscuter du redéploiement de Barkhane.
Mais au Niger comme ailleurs dans la région, la présence militaire française n’est pas forcément bien vue. Et l’arrivée au pouvoir du général Tchiani, qui est à la tête des militaires qui ont renversé Bazoum, ne rassure pas Paris. À chaque putsch dans la région, les accords de défense sont généralement revus et les militaires français bottés hors des pays africains.
On imagine donc mal Paris négocier durement avec le Niger, tant l’issue devrait lui être défavorable. Macron a déjà prévenu que la France répliquerait « de manière immédiate et intraitable » en cas d’attaque de ses diplomaties ou de ses militaires au Niger. Certaine de devoir quitter N’Djamena, donc, la France pourrait se tourner un peu plus vers Djibouti. Mais en pleine renégociation du TCMD, Djibouti sera forcément en position de force.