Le gynécologue Denis Mukwege pourrait être candidat à la présidentielle, en fin d’année, en RDC. De quoi affaiblir un peu plus l’opposition ?
Rares sont les lauréats du prix Nobel de la Paix à être devenus dirigeants politiques par la suite. Il y a bien Aung San Suu Kyi qui, en Birmanie, a fini par devenir Conseillère spéciale de l’État, soit cheffe du gouvernement, après plusieurs années de prison. Ou encore Jose Ramos-Horta, élu président du Timor oriental un quart de siècle après avoir obtenu le prix Nobel de la Paix.
Des exemples qui semblent inspirer Denis Mukwege. Prix Nobel de la paix 2018, le gynécologue et chirurgien a, depuis cinq ans, fait le tour du monde, où il a rencontré des chefs d’État ou même le pape au Vatican. De quoi lui donner des ambitions politiques : Denis Mukwege serait en effet déterminé à se présenter à l’élection présidentielle en République démocratique du Congo à la fin de l’année.
Et pour être déterminé, il l’est. Au point d’avoir pu rencontrer, en off, Emmanuel Macron lors de son passage en mars dernier en RDC. Loin des caméras, le président français s’est entretenu avec le médecin. Un tête-à-tête d’une heure, dans la résidence de l’ambassadeur de France à Kinshasa.
Il s’agissait, selon des sources proches de l’Élysée, d’« avoir le ressenti le plus précis et le plus authentique de la situation humanitaire sur place ». Mais cela ressemble fort à un soutien politique français envers le chirurgien. Car depuis son prix Nobel, le médecin bénéficie d’une certaine aura à l’international.
Reste à savoir quelles seront les ambitions de Denis Mukwege. L’homme « qui répare les femmes », comme on le surnomme, n’est pas bien vu par Félix Tshisekedi. Si bien que la France a avoué la rencontre entre Mukwege et Macron seulement après le départ du président français de RDC.
Un expert en politique congolaise affirme que la candidature de Denis Mukwege, s’il elle est finalement officialisée, « est symbolique avant tout ». Le médecin a des atouts à faire valoir, mais il est un novice en politique. Pour Félix Tshisekedi, il pourrait être un atout : Mukwege permettrait en effet de diviser encore u peu plus une opposition diverse et variée. « S’il se présente, Denis Mukwege sera l’un des atouts du président sortant pour remporter un scrutin difficile », assure l’expert politique.