Le Burkina Faso promet des primes alléchantes pour les civils qui aideront l’armée à neutraliser des terroristes. De quoi aiguiser certains appétits…
Le Burkina Faso va-t-il devenir l’eldorado des chasseurs de primes ? Plus qu’un métier, chasseur de primes est une véritable tradition aux États-Unis, où de jolies sommes sont proposées à ceux qui arrêtent des délinquants. Moins en Afrique. Pourtant, en publiant une liste de terroristes « activement recherchés » et en proposant des primes à ceux qui permettraient de neutraliser les terroristes, la junte du Burkina Faso pourrait bien lancer une chasse à l’homme.
C’est ce jeudi que les services de sécurité du Burkina Faso ont publié leur fameuse liste. Des sommes allant de 150 à 275 000 euros sont proposées, pour l’« arrestation » ou la « neutralisation » de terroristes. Les présidents successifs du pays n’ont pas réussi à endiguer la menace terroriste, mais le capitaine Ibrahim Traoré a fait de la sécurité sa priorité.
S’il est demandé aux civils de participé à la chasse aux hommes « activement recherchés pour participation ou complicité dans la planification ou la conduite d’actes terroristes », le gouvernement attend avant tout des informations « de nature à permettre l’arrestation ou la neutralisation d’un de ces individus », contre rémunération.
Parmi les personnalités visées par le message émis par le ministère en charge de la Sécurité, on retrouve des membres du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), affilié à al-Qaïda au Sahel, comme Sidibé Dramane, alias Hamza, et Diallo Moussa, alias Abou Ganiou. Pour ces deux hommes, les primes sont les plus élevées. Plusieurs autres personnalités sont également recherchées.
Cette opération ne risque-t-elle pas de pousser des civils à s’armer et à se lancer à la recherche de terroristes ? Le Burkina Faso, dépassé par le terrorisme, avait déjà décider une levée en masse de volontaires civils, les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), dont le rôle est d’épauler l’armée.
Ce que critique le voisin nigérien. Pour Mohamed Bazoum, président du Niger, « armer les civils pour combattre les terroristes est une tragique erreur » et les « VPD ne sont pas la solution » au terrorisme. « Si les terroristes sont plus forts et plus aguerris que l’armée, comment des civils pourraient-ils leur résister ? », demande le chef de l’État.
Mais en promettant des primes assez alléchantes, Traoré peut aussi espérer attirer des mercenaires étrangers qui feraient tout pour neutraliser les terroristes recherchés. Reste à savoir s’il s’agira d’un pari gagnant ou non.