Le président sénégalais Macky Sall lance aujourd’hui un dialogue national avec l’opposition. Mais cette dernière est divisée et plusieurs opposants ont décidé de boycotter l’initiative.
Sur tout le continent africain, les dialogues nationaux engagés par les pouvoirs en place connaissent des issues diverses et variées. Au Tchad, le dialogue national inclusif n’a pas franchement été à la hauteur des attentes. En Centrafrique, l’opposition n’a cessé de demander plus au président, tandis qu’au Gabon, Ali Bongo a réussi la prouesse de se tailler une constitution sur mesure sans froisser les opposants.
Difficile de savoir ce qui se dira lors du dialogue national sénégalais. Seule certitude : il sera difficile, voire impossible, pour le président Macky Sall de réconcilier pouvoir et opposition. Car Ousmane Sonko est, depuis quelques jours encore plus, bien décidé à aller jusqu’à la confrontation.
Pourtant, ce mercredi débute bel et bien le démarrage de ce dialogue national. Dans l’après-midi, le palais présidentiel accueillera la cérémonie officielle de lancement, avec 24 heures de retard. Certainement à cause des événements liés au « raccompagnement » de Sonko.
Des événements qui feraient presque passer ce dialogue national au second plan, même si, du côté du gouvernement, on assure que « le dialogue est une tradition au Sénégal » et que « toutes les questions seront débattues ».
Sans Sonko ni Aminata Touré
Comme pour chaque opération de ce genre en Afrique, une infime partie de l’opposition prendra part à l’initiative présidentielle. Mais de façon surprenante, le parti Taxawu Senegal de Khalifa Sall a annoncé sa participation. S’il promet une présence « sans compromission sur les combats menés dans l’opposition », c’est une première victoire pour Macky Sall. Mais le parti a une idée en tête : contester une possible « troisième candidature anticonstitutionnelle et illégitime du président ».
En réalité, ce sera la question principale du dialogue national. L’opposition attend des réponses quant aux ambitions de Macky Sall. Elle demande aussi des explications concernant les inéligibilités prononcées contre certains opposants, dont Khalifa Sall, Karim Wade et, bien sûr, Ousmane Sonko. Outre la question du troisième mandat, il sera également question d’une modification du code électoral, qui doit permettre à ces derniers d’être candidats.
On savait qu’Ousmane Sonko refuserait de dialoguer. Et il ne sera pas le seul. L’ex-alliée de Macky Sall, Aminata Touré, a décidé elle aussi de boycotter la cérémonie, tout comme Déthié Fall. Un premier échec pour cette consultation qui s’annonce donc infructueuse. Les opposants ont d’ailleurs décidé de lancer un « contre-dialogue » avec le peuple.