Nouvelle présidente du Conseil constitutionnel de Côte d’Ivoire, Chantal Nanaba Camara est une proche d’Alassane Ouattara. Mais elle est réputée pour son professionnalisme.
Elle est la nouvelle présidente du Conseil constitutionnel ivoirien. Chantal Nanaba Camara vient d’être désignée par Alassane Ouattara. Elle comble, avant tout, un vide institutionnel, puisque son prédécesseur, Mamadou Koné, avait vu son mandat expirer il y a deux ans déjà. Depuis le 4 février 2021, la fin officielle du mandat du président du Conseil constitutionnel avait provoqué un imbroglio politico-judiciaire. Car un mois après l’expiration du mandat de Koné, des élections législatives avaient eu lieu.
Pour la presse ivoirienne, cette situation montrait « à quel point tenir compte de la loi n’est pas un souci » pour Alassane Ouattara. Ce nouveau manquement à la Constitution ivoirienne — qui indique que « le président du Conseil constitutionnel est nommé (…) pour une durée de six ans non renouvelable » — n’a pas manqué de faire parler. D’aucuns voyaient dans le maintien de Mamadou Koné à la tête du Conseil constitutionnel une façon de le remercier, après que l’institution avait validé la candidature pour un troisième mandat du président de la République.
Sous influence présidentielle ?
Plusieurs sources estimaient que Francis Wodié, l’ex-patron du Conseil constitutionnel, avait démissionné en 2015 pour éviter de devoir valider la candidature d’« ADO ». Après avoir désigné Mamadou Koné président du Conseil, le chef de l’État ivoirien avait, début 2020, continué de mettre sa mainmise sur l’institution en nommant Assata Koné Silué, militante du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), le parti au pouvoir, et Mamadou Samassi, son avocat, membres du Conseil constitutionnel.
La désignation de Chantal Nanaba Camara à la présidence du Conseil constitutionnel — elle prendra ses fonctions officielles en juillet — est donc un mini-événement. Alors que vont bientôt avoir lieu les élections municipales, et à deux ans de la prochaine présidentielle, les Ivoiriens attendent d’elle une application du droit, sans influence politique. Si, comme l’indique le politologue Geoffroy Julien Kouao à RFI, « Chantal Camara a fait ses preuves en tant que magistrate », rien ne dit aujourd’hui qu’elle pourra se défaire de l’influence présidentielle d’un Ouattara omnipotent.
Car Chantal Nanaba Camara doit beaucoup au président de la République. Alors qu’elle avait atteint l’âge de la retraite, le président de la République l’avait nommée, tour à tour en un mois, en 2020, présidente de la Cour de cassation, puis présidente du Conseil supérieur de la magistrature. De quoi en faire « la magistrate la plus crainte du pays », selon le site d’informations Opéra. Désormais, la juriste devra faire ses preuves et œuvrer au respect des textes constitutionnels. Mais saura-t-elle s’éloigner de l’influence d’« ADO » ?