Après avoir annoncé vouloir quitter la Cour pénale internationale (CPI), l’Afrique du Sud a annoncé vouloir y rester. Une attitude difficilement compréhensible.
Les différends entre l’Afrique du Sud et la Cour pénale internationale (CPI) ont ressurgi il y a peu avec l’annonce du passage de Vladimir Poutine en août prochain, pour le sommet à venir des BRICS. Le président russe, tout juste visé par un mandat d’arrêt international délivré par le CPI, doit théoriquement être livré par Pretoria, pays signataire du Statut de Rome, s’il se rend sur le sol sud-africain. De quoi compliquer les relations entre la Cour internationale et l’Afrique du Sud.
Car il y a huit ans, Pretoria avait refuser de remettre le Soudanais Omar el-Bechir à la CPI. Ce dernier avait alors été aidé à quitter l’Afrique du Sud par les autorités locales, en partant depuis une base militaire située à proximité de Pretoria. En 2016, face aux accusations de la CPI, le président Jacob Zuma avait annoncé, avec pertes et fracas, vouloir se retirer du Statut de Rome, et donc de la CPI. Mais en 2017, le gouvernement sud-africain était finalement revenu sur cette annonce, alors qu’une notice avait pourtant été adressée à l’ONU.
Retrait annoncé, puis annulé
Six ans après, l’Afrique du Sud et la CPI se lancent dans un nouveau feuilleton à rebondissements. Pretoria a en effet annoncé, une fois encore, se retirer de la CPI. Le secrétaire général de l’ANC, le parti au pouvoir, Fikile Mbalula, et le président Cyril Ramaphosa, ont tout deux indiqué vouloir rompre leurs liens avec la juridiction interntionale. Pou Mbalula, « la CPI ne sert pas l’intérêt commun, mais l’intérêt de quelques uns ». L’ANC veut que Poutine puisse venir en Afrique du Sud sans risque.
Le parti présidentiel a donc adopté une résolution qui indique qu’il désire que l’Afrique du Sud quitte la Cour pénale internationale, moins de cinq mois après une décision contraire. « Il serait prudent pour l’Afrique du Sud de se retirer de la CPI », confirme le président sud-africain.
Sauf que ce mardi soir, l’ANC a publié un communiqué étonnant. Dans ce document, elle indique qu’aucun retrait immédiat de la CPI n’a été envisagé. N’était-ce qu’une façon de mettre la pression sur la Cour en vue de la venue de Poutine en août prochain ? Ou l’ANC hésite-t-elle à se brouiller avec les pays signataires du Statut de Rome ? Quoi qu’il en soit, les prochaines semaines, on pourrait assister à de nouveaux rebondissements dans ce dossier.