Alors qu’il avait promis de ne pas remanier son gouvernement, le président béninois Patrice Talon a limogé, ce lundi, trois ministres.
C’était il y a tout juste un mois. Alors qu’il était aux côtés de son homologue nigérien, Mohamed Bazoum, le président béninois Patrice Talon faisait l’article de son gouvernement. Interrogé quant à un possible remaniement, il balayait la rumeur d’un revers de la main. « L’œuvre humaine ne peut être parfaite nul part, et je n’attends pas de mes ministres, de mes collaborateurs ici ou là, je n’attends pas d’eux qu’ils soient des dieux sur terre », nuançait le chef de l’État. Avant d’affirmer de façon claire et nette que, « jusqu’à nouvel ordre, un remaniement ministériel n’est pas envisagé ». Il poursuivait à l’époque qu’il ne comptait pas « remercier qui que ce soit d’entre eux » et encore moins d’en « faire venir d’autres ».
Que s’est-il passé entre le 13 mars et ce lundi 17 avril, pour que Patrice Talon change d’avis ? Après l’annonce, par les médias béninois, du limogeage du ministre de la Justice, Sévérin Quenum, on vient d’apprendre que le Garde des Sceaux n’est pas le seul concerné. Quenum a d’ores et déjà été remplacé par l’ancien bâtonnier Yvon Detchenou.
Deux autres ministres ont donc également été remerciés. Parmi eux, celui des Transports. C’est la seconde fois que Hervé Hêhomey perd son portefeuille. En septembre 2017, alors déjà ministre des Transports, il avait été contraint de quitter le gouvernement avant, finalement, de retrouver son poste en 2019. Après plus de trois ans et demi, il a finalement été remercié.
« Réaménagement technique »
Autre ministre concerné par ce mini-remaniement : celui de l’Énergie. Jean-Claude Houssou, qui a été formé en France, pilotait depuis avril 2016 les différentes réformes énergétiques. Patrice Talon s’est séparé de lui. L’ex-ministre paie sans aucun doute les nombreuses coupures d’électricité qui handicapent l’économie du pays. La dernière en date, le 11 avril dernier, lui aura été fatale. C’est un proche collaborateur de Talon, Edouard Dahomé, qui est nommé secrétaire d’État à l’Énergie. Sam Adambi devra, lui, reprendre les dossiers de Houssou, en tant que ministre des Mines, de l’Eau et l’Énergie.
Trois départs qui interrogent. Si, le mois dernier, Talon démentait vouloir remanier son gouvernement, il a finalement cédé. Samedi dernier, le président béninois avait ouvert la porte à plusieurs départ, assurant qu’il fallait des actes officiels avant une quelconque annonce. Alors qu’il recevait son homologue rwandais Paul Kagame, il a finalement décidé de publier un décret.
Du côté de la présidence, on précise qu’il s’agit là avant tout d’un « réaménagement technique ». Outre les trois départs, le président a décidé de retirer le volet Coopération du ministère des Affaires étrangères. Celui-ci sera désormais rattaché au ministère de l’Économie et des Finances.