Le nombre de morts, notamment civils, par des groupes terroristes est en perpétuelle augmentation en Afrique.
« La violence islamiste en Afrique a établi de nouveaux records en termes d’événements violents et de décès au cours de l’année 2022, constatent les chercheurs Joseph Siegle et Wendy Williams dans The Conversation. Cette évolution s’inscrit dans une tendance à la hausse ininterrompue qui dure depuis dix ans ». Le terrorisme, que les deux experts qualifient d’islamiste, tuerait donc de plus en plus : « Les événements violents et les décès ont presque doublé depuis 2019 », affirment les chercheurs.
En termes de chiffres, l’analyse du Centre d’études stratégiques de l’Afrique (CESA) montre l’étendue des dégâts : « Nous avons constaté qu’il y avait eu 6 859 cas de violence impliquant des groupes islamistes militants en Afrique en 2022. Il s’agit d’une augmentation de 22 % par rapport à 2021. Les décès liés à ces événements ont augmenté de 48 % pour atteindre 19 109 morts. Cela reflète une forte augmentation du nombre de décès par événement », indiquent Joseph Siegle et Wendy Williams.
« Ces groupes militants ne cherchent pas tant à gagner les cœurs et les esprits qu’à intimider les populations locales pour qu’elles se conforment à leurs engagements », poursuivent-ils. D’après l’ACLED (Armed Conflict Location and Event Data Project), on enregistre dans ces cas de terrorisme islamiste une augmentation de 68 % des décès impliquant des civils.
Des actes plus politiques que religieux
Et cinq régions du continent sont particulièrement touchées : le Sahel, bien sûr, est un des théâtres les plus importants du terrorisme. La situation sécuritaire au Sahel « hypothèque l’avenir des populations », selon le chef du bureau de l’ONU pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS), Mahamat Saleh Annadif, qui expliquait fin 2021 que « les conséquences pourraient se faire ressentir bien au-delà de la sous-région » ouest-africaine. Outre le Sahel, la Somalie, le bassin du lac Tchad, le nord du Mozambique et la péninsule égyptienne du Sinaï sont également touchés. À eux seuls, « le Sahel et la Somalie ont représenté 77 % de tous les événements violents de ce type au cours de l’année écoulée », affirment Joseph Siegle et Wendy Williams.
Mais si, pour les chercheurs, « la menace islamiste n’est pas monolithique », eu égard au nombre de groupes présents sur le continent, ce sont surtout les motivations qui expliquent le regain de décès et de violences. Il est d’ailleurs réducteur de parler de terrorisme islamiste lorsque l’on sait que l’idéologie religieuse n’est pas la seule motivation de ces groupes.
Le Global Terrorism Index (GTI), faisait, l’an dernier, un étonnant constat : « Le terrorisme à motivations politiques a désormais pris le dessus sur la violence armée motivée par la religion. Cette dernière a reculé de 82 % en 2021. Au cours des cinq dernières années, il y a eu cinq fois plus d’attentats terroristes à motivation politique qu’à motivation religieuse ».