L’Assemblée des représentants du peuple tunisien fait sa rentrée ce lundi, après deux ans de suspension de ses travaux. Mais le parlement va-t-il encore avoir du pouvoir ?
« Le Parlement ne sera pas comme celui d’avant ! » Le président tunisien Kaïs Saïed, dans ses déclarations, conserve toujours la même ligne : il veut en finir avec les institutions politiques telles qu’elles étaient avant le 25 juillet 2021, date à laquelle il s’est arrogé les pleins pouvoirs.
Quelques mois après avoir suspendu les travaux de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), le parlement, il avait fini par la dissoudre. Après des législatives qui n’ont pas attiré les électeurs, les parlementaires élus fait leur rentrée.
Un parlement, justement, mis à mal par deux facteurs : tout d’abord le taux de participation qui a à peine dépassé les 10 %. Kaïs Saïed en a profité pour montrer que le désintérêt des électeurs devait servir de leçon : selon lui, le parlement ne doit plus avoir la même puissance qu’auparavant. Ensuite, le président a justement prévu de minimiser le rôle des élus.
Sans réelle marge de manœuvre, donc, l’ARP fait son grand retour après deux années de suspension, ce lundi. Et avant que les travaux ne commencent, le temps pourrait s’écouler : la moitié des députés ont en effet été élus sans étiquette. Il sera donc très difficile de constituer des blocs parlementaires. De quoi plaire au président tunisien, qui a indiqué que la formation de blocs dans l’hémicycle était « une pratique dépassée ».
Quelles seront les prérogatives des députés ? Pour le moment, difficile de la savoir. Kaïs Saïed a d’ores et déjà indiqué que les nouveaux députés devaient « comprendre qu’ils travailleront sous le contrôle du peuple tunisien ». Qu’en sera-t-il des décrets présidentiels ? En théorie, le retour des députés imposer à Kaïs Saïed de désormais passer par l’ARP pour les futures lois.
Mais le chef de l’État ne compte pour autant pas se laisser faire. Quelques jours avant la première séance à l’assemblée, il a publié deux décrets : le premier a servi à dissoudre les conseils municipaux, le second pour amender la loi électorale et prévoir l’élection de conseils locaux et régionaux.
Kaïs Saïd compte bien décentraliser sa politique et compte notamment sur l’Assemblée des régions pour contrecarrer l’hyperpuissance du parlement tel qu’il était ces dernières années. Ce conseil sera la seconde chambre du parlement, auparavant seul maître à bord. Une façon de restreindre les prérogatives de l’ARP, dont la principale mission ce lundi sera d’élire son président.