Poussé hors de la Fédération française de football, son président, Noël Le Graët, va rebondir à la FIFA, où il sera en charge, entre autres, des relations avec les fédérations africaines.
La reconversion a été rapide. Après avoir été éclaboussé par plusieurs affaires de harcèlement — sexuel et moral — et de sexisme alors qu’il était encore le patron de la Fédération française de football (FFF), Noël Le Graët a démissionné et directement rejoint la FIFA, où son ami Gianni Infantino lui a trouvé un poste en or. Une aubaine pour l’homme de 81 ans, très décrié. Un rapport d’une mission d’audit indiquait, il y a un mois, que Noël Le Graët « n’a plus la légitimité nécessaire pour administrer » la FFF. Le 28 février dernier, il a donc démissionné et a été « nommé à la FIFA par Gianni Infantino (…) en raison de ses compétences, son expertise et son expérience », a indiqué Éric Borghini, membre du comex de la FFF.
Ce que l’on ne savait pas à l’époque, c’est que Le Graët rejoignait un bureau parisien qui, outre sa mission de consolider les relations de la FIFA avec la France, a pour objectif de tisser des liens entre toutes les fédérations francophones et l’instance internationale. À l’exception de quelques fédérations sur d’autres continents — Haïti, par exemple —, c’est donc essentiellement l’Afrique qui sera le terrain de jeu de Noël Le Graët, qui devra gérer les programmes de développement financés par la FIFA.
Un choix qui étonne. Mais qui était en réalité prévu de longue date. Interrogé il y a un an par RFI, Noël Le Graët avait affirmé que la France avait « besoin de faire des choses ensemble », avec l’Afrique. Il prévenait alors : « La FIFA crée un bureau à Paris, dont je deviendrai le responsable. Les Fédérations africaines pourront venir discuter, on fera en sorte que Clairefontaine (le centre d’entraînement de l’équipe de France, ndlr) soit disponible pour la formation. On essaiera de mieux faire avec le continent africain ».
Soutien indéfectible à Infantino
S’il affirmait alors recevoir « souvent des présidents, d’équipes nationales africaines », la désignation de Le Graët à ce poste interroge plusieurs spécialistes du foot africain. « Le choisir pour parler du développement du football africain, je ne comprends pas bien. Je pense qu’il aurait été plus logique de nommer quelqu’un qui connaît bien les problèmes auxquels est confronté le football africain. Donc un Africain », indique par exemple le Sénégalais Saer Dieye Seck, président de l’Institut Diambars et ancien président de la Ligue sénégalaise de football professionnel (LSFP), à Jeune Afrique.
D’autant que, outre les accusations de harcèlement, Noël Le Graët avait déjà fait polémique en déclarant, fin 2020, que « le phénomène raciste dans le sport, et dans le football en particulier, n’existe pas ou peu ». De quoi choquer, d’autant que caser l’ancien patron de la FFF à un poste aussi stratégique apparaît déplacé alors qu’il est accusé de faits graves.
Mais Gianni Infantino sait généralement remercier ses soutiens. L’Italo-Suisse avait pu bénéficier de l’appui de Noël Le Graët lors de son élection à la tête de la FIFA en 2016 et, ces derniers temps, malgré l’opposition systématique du président de l’UEFA Alexander Ceferin aux propositions du patron de la FIFA — comme lorsqu’il proposait une Coupe du monde tous les deux ans —, Le Graët a toujours été derrière Infantino. Cela valait bien un poste à responsabilités…