Lors d’un voyage au Congo Kinshasa, le pape François a fustigé le « colonialisme économique » qui a succédé au « colonialisme politique ». Un discours fort à l’encontre, notamment, de l’Europe.
« Ôtez vos mains de la République démocratique du Congo, retirez vos mains de l’Afrique ! » Lors de son voyage en République démocratique du Congo (RDC), le pape François n’a pas hésité à adopter une posture politique rare. Le souverain pontife a en effet dénoncé le « colonialisme économique » qui touche l’Afrique, qui succède au « colonialisme politique » des derniers siècles.
Un discours fort. Après avoir évoqué « l’exploitation, sanglante et illégale, de la richesse » de la RDC, le pape a lancé « un vibrant appel à toutes les personnes, à toutes les entités internes et externes qui tirent les ficelles de la guerre en RDC, en la pillant, en la flagellant et en la déstabilisant ». Face à une telle situation, le pape François a demandé « pardon pour la violence de l’homme sur l’homme ».
Au-delà d’un discours qui concerne les violences dans l’est de la RDC, le souverain pontife a élargi sa réflexion à tout le continent. « Cessez d’étouffer l’Afrique ! », a-t-il lancé, en rappelant que le continent « n’est pas une mine à exploiter ni une terre à dévaliser. Que l’Afrique soit protagoniste de son destin ! ».
« Assumer pleinement leur indépendance »
Mais le pape n’est pas dupe. Il demande ainsi « que l’Afrique, sourire et espérance du monde, compte davantage : qu’on en parle davantage, qu’elle ait plus de poids et de représentations parmi les nations ! »
Ces mots de l’Argentin font partie d’une campagne orchestrée par le Vatican sur le sujet du colonialisme. On se souvient qu’au début des années 1990, alors qu’il était à Gorée, au Sénégal, le pape Jean-Paul II avait condamné l’esclavage.
Le pape François, lui, avant de se rendre en Afrique, s’est livré à l’agence Associated Press. Il avait alors déclaré : « Il y a une réalité historique, géographique. En italien, on dit : ‘Africa va fruttata’, c’est-à-dire que l’Afrique est destinée à être exploitée. Et c’est une sorte de mentalité colonialiste qui demeure : dire que les Africains sont une tribu, qu’ils sont noirs, qu’ils sont ceci ou cela, sont autant de qualificatifs réducteurs. Le problème vient de notre attitude et de leur manque de courage à assumer pleinement leur indépendance ».
Mais « nous ne pouvons pas aller en Afrique en pointant du doigt, avait conclu le souverain pontife. Non, nous devons écouter leur culture, dialoguer, apprendre, parler et promouvoir. C’est une culture fascinante ».